Sécu : vers des arrêts maladie limités à 15 jours pour freiner les dépenses

PLFSS 2026 : des arrêts maladie écourtés pour combler le trou de la Sécurité sociale.

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Le gouvernement veut serrer la vis sur les arrêts maladie. Dans son projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026, présenté le 14 octobre, l’exécutif cherche à limiter la durée initiale des arrêts de travail à 15 jours pour les prescriptions en ville, et à un mois pour celles réalisées à l’hôpital. Une mesure phare destinée à freiner l’explosion du coût des indemnités journalières, qui a atteint plus de 11 milliards d’euros en 2024.

Les arrêts se multiplient et s’allongent.

Depuis plusieurs années, la Sécu constate une hausse inquiétante du nombre d’arrêts maladie et de leur durée. D’après le gouvernement, le montant total des indemnités versées a bondi de près de 30 % entre 2019 et 2023, une progression bien supérieure à la croissance des salaires ou à l’évolution démographique.

« Cette évolution traduit une accélération notable, avec une croissance annuelle moyenne passée de 2,9 % à 6,3 % », note le texte du PLFSS. Le système n’est donc tout simplement plus soutenable à long terme. D’où cette volonté de mieux encadrer la durée des arrêts, en instaurant une limite fixe dès la première prescription.

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Actuellement, aucune limite légale ne s’impose aux médecins pour fixer la durée d’un arrêt. Le nouveau texte introduit un encadrement clair : 15 jours maximum pour les arrêts prescrits en ville, et 30 jours maximum pour ceux délivrés à l’hôpital.

Au-delà, le patient devra revoir son médecin pour une prolongation. Autre nouveauté : le motif médical de l’arrêt devra figurer sur le document transmis à la Sécu, afin de faciliter les contrôles et d’éviter les abus.

Le gouvernement s’aligne ainsi partiellement sur les recommandations de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), qui plaidait déjà pour un meilleur encadrement des durées.

Des médecins partagés sur la réforme

La mesure divise. Dans l’Aube, Georges, patron d’une petite entreprise, témoigne sur RMC : « J’ai deux salariés. L’un m’a envoyé un arrêt d’un mois et demi, et je le croise tous les jours, en pleine forme. Il me rit au nez. »

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Pour lui, les arrêts de complaisance sont devenus un vrai problème : « Il y a des médecins qui font des arrêts de complaisance, c’est tout. »

De leur côté, les médecins tirent la sonnette d’alarme sur une réforme trop rigide. Jean-Daniel, généraliste en zone rurale, estime qu’un meilleur suivi est nécessaire, mais sans restreindre la liberté médicale :

« Ça fait huit ans que la Sécu n’est pas venue me voir. Je n’ai jamais eu de remarque sur mes arrêts. » Et d’ajouter : « Pour un patient dépressif, on ne fait jamais un mois d’arrêt d’un coup. On le revoit chaque semaine. La mesure des 15 jours n’est pas si mal, mais elle limite le pouvoir médical. »

Un levier pour combler le déficit de la Sécu

La limitation des arrêts maladie n’est qu’une partie du plan d’économies prévu dans le budget 2026. Le gouvernement espère réduire le déficit global de la Sécurité sociale de 5,5 milliards d’euros, notamment grâce à des mesures sur les retraites, les franchises médicales et les dépenses de santé.

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Mais cette réforme risque de cristalliser les tensions au Parlement, déjà divisé sur la politique sociale du gouvernement Lecornu II.

Reste également à savoir si cette mesure permettra réellement de combler le “trou de la Sécu” sans pénaliser davantage les malades les plus vulnérables.


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