Afficher les titres Masquer les titres
Le chèque énergie, dispositif créé pour aider les ménages modestes à régler leurs factures d’électricité, de gaz ou de chauffage, pourrait-il disparaître ? L’UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme, craignant que cette « aide vitale » ne soit remise en cause pour de mauvais motifs.
Le chèque énergie pourrait disparaître : l’UFC-Que Choisir monte au créneau
Selon un récent rapport conjoint de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD), le chèque énergie serait « de soutien à la consommation d’énergie (allant) à l’encontre de la sobriété énergétique » et constituerait une « dépense fiscale dommageable à la biodiversité ».
Pour l’association de consommateurs L’UFC-Que Choisir, ces arguments sont totalement infondés : « Cela a peut-être échappé aux auteurs de ce rapport, mais sans le bénéfice de ce soutien financier, certains ménages seraient contraints de renoncer à se chauffer », souligne-t-elle.
À voirRetraite : 2 millions de pensionnés dans le viseur de la Cour des comptes, qui est concerné ?En effet, rappelle-t-elle, selon l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), 41 % des ménages ayant souffert du froid en 2024 expliquent cette situation « par la nécessité de limiter leur chauffage pour des raisons financières ».
Le chèque énergie permet justement à ces foyers, souvent parmi les 20 % les plus pauvres, de vivre décemment. Pour ces personnes – chaque euro compte, ils sont « donc loin de gaspiller l’énergie », assure l’association.
« Le chèque énergie est devenu le bouc émissaire(…) C’est une catastrophe. »
Même son de cloche pour Françoise Thiebaud, de l’Association citoyenne et laïque des consommateurs. Sur RMC, elle regrette que « le chèque énergie soit devenu le bouc émissaire. Il fait partie des symboles qui montrent à quel point on se détourne de tout ce qui est solidarité, action de l’État, service public… C’est une catastrophe. »
Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement, renchérit : « On parle de personnes qui sont en précarité énergétique et qui touchent moins de 11 000 € par an, à qui l’État verse 150 € par an. Dire que ces gens qui se chauffent à 12 degrés participent au changement climatique, c’est complètement absurde. » Selon lui, la priorité devrait être la rénovation énergétique des logements, permettant des « économies sur le long terme ».
À voirRetraite progressive à 60 ans : nouveautés dès le 1er septembre 2025, qui peut en bénéficier et comment ?Depuis 2018, le chèque énergie a bénéficié à environ 5,5 millions de foyers, avec des montants allant de 48 à 277 € selon les revenus.
Des arguments qui ne tiennent pas la route…
Marie-Amandine Stévenin, Présidente de l’UFC-Que Choisir, redoute que « le gouvernement, plus que jamais en quête d’économies, serait bien mal inspiré de reprendre à son compte l’argument environnemental pour supprimer le chèque énergie(…) ».
Elle insiste néanmoins : « ni l’argument budgétaire, ni a fortiori l’argument environnemental ne sauraient la justifier, d’autant plus que la réforme en cours du coefficient d’énergie primaire du DPE risque de faire sortir artificiellement près d’un million de logements chauffés à l’électrique du statut de passoire énergétique, et de priver les locataires qui y habitent du bénéfice du gel des loyers ! »