Dette publique : pourquoi « la France emprunte 15 milliards d’euros toutes les deux semaines » selon l’économiste Christian Saint-Étienne

La France au bord du gouffre ? « On va tomber dans une crise(financière) de grande ampleur », avertit l'économiste, universitaire et analyste politique Christian Saint-Etienne.

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La santé budgétaire de la France inquiète de plus en plus les experts. Parmi eux, l’économiste Christian Saint-Étienne tire la sonnette d’alarme : l’État français « emprunte entre 12 et 15 milliards d’euros toutes les deux semaines ». Comment en est-on arrivé à un tel niveau d’endettement ? Invité de La Matinale sur Radio Classique, l’auteur de Trump et nous, comment sauver la France et l’Europe livre son analyse. Il pointe du doigt un système public trop bureaucratisé.

« L’Europe, comme la France, s’est enclavée. »

Christian Saint-Étienne, professeur émérite au CNAM et membre du Cercle des économistes, rappelle que la France affiche un déficit public annuel de plus de 150 milliards d’euros. À cela s’ajoutent les intérêts de la dette déjà existante ainsi que les obligations arrivant à échéance qu’il faut refinancer. Voilà pourquoi « la France emprunte toutes les deux semaines 12 à 15 milliards d’euros ».

« Quand on regarde la situation européenne, c’est celle d’un lapin dans les phares d’un 4×4 américain, et c’est Trump qui le conduit. », précise sans fard l’économiste. Selon lui,  « l’Europe est un échec. » En 2024, rappelle-t-il, la croissance économique de l’Union européenne n’a atteint que 1 % contre 6,2 % pour l’Inde. « L’Europe, comme la France, s’est enclavée. »

« On va tomber dans une crise de grande ampleur, les retraités seront les premiers à payer. »

Christian Saint-Étienne met en garde contre une possible intervention du FMI, comme cela a été le cas en Grèce. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a d’ailleurs récemment alerté sur ce risque. Le professeur détaille le processus qui pourrait mener à cette situation critique :

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« C’est la Banque Centrale Européenne et la Commission Européenne qui ont pour rôle d’appeler au secours le FMI pour ses analyses macroéconomiques. Une fois cette étape passée, il n’y a plus de retour en arrière et on va tomber dans une crise de grande ampleur. Et là, ce sont les retraités qui seront les premiers à payer. »

L’économiste revient d’ailleurs sur l’exemple de la Grèce, où les pensions ont « du jour au lendemain » chuté : « si vous touchiez déjà une retraite faible de 600 euros, elle est passée à 500 euros. »

Une « restructuration » s’impose

Pour l’auteur de Trump et nous, comment sauver la France et l’Europe, paru aux éditions Odile Jacob, la solution passe par une réforme de l’action publique et notamment des retraites : « La réforme des retraites est un élément clé de l’ajustement. Mais, plus généralement, c’est toute une restructuration de l’action publique qui s’impose ! »

Le professeur émérite, titulaire de la chaire Jean-Baptiste Say d’économie industrielle au CNAM plaide pour un«  système de retraite mixte entre répartition et capitalisation », à l’image de ce qui se fait dans d’autres pays. Une réforme progressive sur 20 ans permettrait, selon lui, de rééquilibrer les flux sans brutalité.

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« Aujourd’hui les flux de retraite en répartition sont à plus de 14 % du PIB». On pourrait envisager de faire évoluer ce modèle pour qu’il repose, à terme, « en 12 points en répartition et 2 points en capitalisation. »

C’est ce que propose Christian Saint-Étienne, qui appelle également à « débureaucratiser l’Europe comme la France, pour ne plus être des spectateurs sidérés, mais des acteurs déterminés. »


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