Inflation : les revenus des auto-entrepreneurs fondent comme neige au soleil

Indépendants et auto-entrepreneurs : quand l’inflation grignote leurs revenus... Nombreux d'entre eux n'arrivent plus à suivre la hausse des prix.

Afficher les titres Masquer les titres

Le pouvoir d’achat des auto-entrepreneurs s’effrite dangereusement, selon les derniers chiffres publiés par l’Urssaf ce mardi 28 octobre. Décryptage.

L’Urssaf dévoile le revenu annuel moyen des autoentrepreneurs

Le revenu annuel moyen des auto-entrepreneurs s’élève à 7 641 euros en 2024, soit une hausse de 1,2 % seulement. Une augmentation trompeuse, car une fois l’inflation déduite, cela équivaut en réalité à une baisse de 0,6 % du revenu réel.

Si ces derniers gagnent un peu plus en euros courants, ils peuvent malheureusement s’acheter moins de choses qu’avant. Cette tendance n’est pas nouvelle : c’est la deuxième année consécutive de recul en euros constants, après une chute de 3,2 % en 2023. Ce qui surprend, c’est que l’inflation, elle, ralentit : elle est passée de 4,8 % en 2023 à 1,8 % en 2024. Pourtant, les revenus des indépendants n’en profitent pas.

À voirImmobilier : cette astuce d’assurance vie qui permet d’acheter un bien sans emprunter

La raison est simple : beaucoup d’auto-entrepreneurs n’arrivent pas à intégrer la hausse des prix dans leurs facturations, de peur de perdre des clients.

Les dépenses augmentent (essence, matériel, loyers professionnels…), mais les tarifs, eux, n’évoluent pas. Sans surprise, une diminution du pouvoir d’achat s’ensuit.

Des écarts énormes entre secteurs et territoires

Néanmoins, tous les auto-entrepreneurs ne sont pas affectés de la même manière. Dans les secteurs du transport (taxis, VTC) ou du commerce de gros, les revenus sont en baisse constante depuis deux ans. À l’inverse, les activités liées à l’informatique, la communication ou la santé résistent mieux à la conjoncture et enregistrent même de légères hausses.

Mais le constat demeure amer : plus de la moitié (53,4 %) des auto-entrepreneurs économiquement actifs parviennent à gagner moins de 4 000 € par an, alors que seuls 6,4 % dépassent 15 000 €.

Des femmes encore désavantagées

Les inégalités de revenus persistent également entre hommes et femmes. D’après l’Urssaf, une femme auto-entrepreneure touche en moyenne 6 776 € par an, contre 8 372 € pour un homme — soit un écart de 19 %. Malgré la flexibilité du statut, la gent féminine reste moins rémunérée.

Les travailleurs indépendants classiques ne sont pas épargnés

Cette précarisation ne concerne pas que les micro-entrepreneurs. Les travailleurs indépendants « classiques » — professions libérales, artisans ou commerçants — voient eux aussi leur pouvoir d’achat s’effondrer. En 2023, leur revenu moyen atteignait 45 348 €, en légère hausse de 0,5 %… mais en recul de 4,1 % en euros constants à cause de l’inflation.

À voirLes primes d’assurance auto flambent : ce moyen peu connu peut vous faire économiser jusqu’à 400 €

Les secteurs de l’immobilier, de la pharmacie et du droit affichent les plus fortes baisses. Plus inquiétant encore, « 13 % des indépendants déclarent un revenu nul ou déficitaire », depuis 2021.

Derrière ces chiffres, c’est tout un pan de l’économie locale qui tremble. Les auto-entrepreneurs représentent aujourd’hui une part essentielle de l’économie de proximité : livreurs, artisans, coachs, freelances, graphistes… Sans revalorisation des tarifs et sans meilleure protection sociale, leurs revenus risquent de continuer à fondre — lentement, mais sûrement.


Faites passer le mot en partageant !



Clic Anoo est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :