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Alors que les discussions entre syndicats et patronat dans le cadre du conclave sur les retraites s’enlisent, une chose est sûre : les retraités pourraient être les principaux contributeurs au redressement du système. Le projet de texte prévoit 6,5 milliards d’euros d’économies d’ici 2030, dont 6,1 milliards à la charge des retraités, via deux leviers principaux : la sous-indexation des pensions et la hausse de la CSG.
Sous-indexation des pensions : comment les retraités vont-ils être mis à contribution ?
Comme l’a confirmé Cyril Chabanier, président de la CFTC, auprès du magazine Capital, « les retraités sont les plus mis à contribution ». Cette mesure serait justifiée par un souci « d’équité intergénérationnelle » selon le texte du médiateur Jean-Jacques Marette.
Mais concrètement, cela veut dire que les pensions de base ne seront plus automatiquement alignées sur l’inflation. Un coefficient de soutenabilité, déjà utilisé pour les retraites complémentaires, pourrait réduire les hausses annuelles de 0,8 point en 2026, puis de 0,4 point entre 2027 et 2030. Cela représenterait une perte de pouvoir d’achat non négligeable sur plusieurs années.
« Cette sous-indexation, ajoute-t-il, se ferait uniquement sur les 50% de retraités les plus riches et ne pourrait pas conduire à une baisse de leurs pensions».
CSG des retraités : une hausse en vue pour équilibrer le système ?
Autre piste en vue : augmenter la Contribution Sociale Généralisée (CSG) pour les retraités. Le taux normal passerait de 8,3 % à 9,2 %, et le taux intermédiaire de 6,6 % à 7,5 %, alignant ainsi la fiscalité des retraités sur celle des actifs.
À voirLe gouvernement serre la vis sur les crédits à la consommation, une nouvelle loi en préparationEn contrepartie, la cotisation d’assurance maladie de 1 % sur les retraites complémentaires pourrait être supprimée, permettant aux anciens salariés du privé de récupérer environ 900 millions d’euros. Mais cette compensation ne suffit pas à masquer l’effort demandé.
Certains acteurs syndicaux s’inquiètent d’un déséquilibre dans la répartition de l’effort. Christelle Thieffinne (CFE-CGC) déclare : « Pour moi, ce qui est difficile, c’est de faire payer tout l’équilibre des retraites sur les retraités. »
« J’ai indiqué que je ne voulais pas cibler telle ou telle catégorie de la population.»
Si le gouvernement, par la voix de François Bayrou, se défend de vouloir cibler cette catégorie – « Je ne veux pas cibler les retraités », a-t-il affirmé – les faits montrent le contraire. Les retraités sont bien au centre des pistes évoquées.
Dans la foulée, le Premier ministre a écarté toute hausse des cotisations pour les entreprises. « Nous le savons avec certitude, explique-t-il, (…) un alourdissement du coût du travail est une menace sur nos entreprises et leur compétitivité au niveau mondiale».
À voirTaxe foncière : « pourquoi je n’ai rien reçu alors que mes voisins ont déjà leur avis 2025 ? »Du côté des syndicats, la CFDT a salué les avancées sur les pensions des mères de famille, mais rappelle que « la pénibilité et l’équilibre financier restent le cœur du problème ». Un accord semble encore lointain, malgré la volonté gouvernementale de rouvrir les discussions.
À ce stade, les retraités risquent bel et bien de payer l’addition. Les discussions à venir détermineront s’ils seront les seuls à en supporter le poids, ou si d’autres solutions pourront rééquilibrer l’effort demandé.