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La réforme des retraites de 2023, qui a repoussé l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, impacte particulièrement la génération 1962. Si le taux d’emploi des seniors atteint un niveau historique, cette tranche d’âge reste la plus fragilisée, avec de nombreux chômeurs ni en emploi ni à la retraite. C’est cette génération qui est la grande perdante de la réforme.
Réforme des retraites : pourquoi la génération 1962 est la plus pénalisée
La situation des seniors à la recherche d’emploi en 2024 demeure préoccupante, notamment pour la génération née en 1962, première à subir pleinement la réforme des retraites de 2023. Cette réforme a repoussé l’âge légal de départ de 60 à 62 ans pour les personnes nées après le 1er septembre 1961. De quoi retarder leur accès à la retraite.
Si, sur le papier, le taux d’emploi des seniors s’améliore et atteint son « plus haut niveau » depuis 1975, la réalité est beaucoup moins reluisante : à peine 60,4 % des 55-64 ans sont en emploi, laissant 4 sur 10 sans travail, avec des disparités fortes selon l’âge et la génération.
La génération 1962, directement concernée par ce recul de l’âge de départ, affiche « un taux d’emploi supérieur de 10 points à celui de la génération 1961» à l’âge de 62 ans, souligne la Dares.
À voirRetraite : 2 millions de pensionnés dans le viseur de la Cour des comptes, qui est concerné ?Cette hausse ne compense pas le recul des départs en retraite, qui a diminué de 13 points sur la même tranche d’âge. « À 62 ans, la hausse du taux d’emploi ne compense pas la baisse de la part de retraités », indique l’institut statistique. Ce qui laisse une partie importante de ces seniors ni en emploi, ni à la retraite, parfois même dans une situation précaire.
Mohamed, 53 ans et au chômage depuis huit mois, témoigne : « C’est dur quand on est senior. On trouve des boulots de nettoyage ou jardinage, mais pas à notre niveau ». Il constate que l’âge reste un frein à l’embauche : « Je pense qu’ils veulent des plus jeunes pour les garder plus tard mais plus tard, c’est la retraite pour nous ! ».
Le CDI senior : la solution ultime pour les plus de 60 ans ?
La CGT met en garde contre une possible explosion du chômage chez les seniors, aggravée par les licenciements économiques. D’après Stéphane Obé, secrétaire général de la CGT Gironde, « quand il y a des choix sur l’aspect rentabilité financière, les premiers visés sont ceux qui touchent des rémunérations élevées, de fait ce sont les plus anciens avec le plus d’expérience ».
Le report de l’âge légal de la retraite aggrave cette situation en obligeant les seniors à rester plus longtemps sur le marché du travail, sans garanties d’emploi.
À voirRetraite progressive à 60 ans : nouveautés dès le 1er septembre 2025, qui peut en bénéficier et comment ?Pour rectifier le tir, le gouvernement a lancé en 2025 un plan d’action pour favoriser l’emploi des salariés expérimentés. Parmi les mesures clés figure le Contrat de valorisation de l’expérience (CVE), un CDI senior ouvert aux demandeurs d’emploi de 60 ans et plus (ou dès 57 ans selon accord de branche), qui permet une embauche durable jusqu’à la retraite à taux plein.
Emploi des seniors : la France en retard sur la moyenne européenne
Malgré une amélioration globale, l’emploi des seniors en France reste inférieur à la moyenne européenne (60,4 % contre 65,2 %). De plus, le taux d’emploi chute fortement après 60 ans, avec une forte disparité hommes-femmes
La réforme des retraites n’a visiblement pas su créer les conditions suffisantes pour garantir un accès à l’emploi stable pour tous les seniors, notamment ceux de la génération 1962, qui restent parmi les grandes victimes de ces changements.