À 57 ans, sans emploi, il dénonce la précarité des seniors sur le marché du travail

Un témoignage poignant devenu viral sur LinkedIn.

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À 57 ans, Stéphane tire la sonnette d’alarme après plus d’un an de recherches infructueuses pour retrouver un emploi. Sur LinkedIn, son message dénonçant la précarité professionnelle des seniors fait le buzz et relance le débat sur les discriminations liées à l’âge. Une prise de parole qui tombe à point, alors que le gouvernement tente justement de casser les idées reçues sur l’emploi après 50 ans.

« Avec mon expérience, [j’avais] envie de transmettre » : Stéphane Bragard, un senior confronté à l’exclusion professionnelle

Le témoignage de Stéphane Bragard, 57 ans, a déclenché une vague de réactions sur LinkedIn. Résidant à Trégunc, près de Concarneau, ce quinquagénaire a exprimé publiquement sa lassitude face à un marché du travail qui, selon lui, marginalise les seniors. Après une rupture conventionnelle, l’homme s’est retrouvé sans emploi, malgré un parcours professionnel riche et diversifié.

« Avec mon expérience, l’envie, c’était de transmettre. Et en France, on ne sait pas faire ça, profiter de la sagesse et des compétences ! Mais c’est vrai que dans une grande ville, à Rennes ou à Brest, nuance-t-il, la situation aurait sans doute été différente. »

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Longtemps salarié dans le secteur des assurances, puis de l’immobilier, Stéphane a ensuite intégré une association d’aide à l’insertion. Celle-ci a été contrainte de se séparer de lui en avril 2024, pour des raisons budgétaires.

Des centaines de candidatures par mois restées lettres mortes : « Tu as le sentiment de servir à rien »

Motivé à rebondir, il a réalisé un bilan de compétences et s’est lancé dans une recherche d’emploi intensive. « J’envoyais cinq mails par jour minimum, ça représente une centaine de courriers et de mails par mois« , explique-t-il. Pourtant, malgré ses efforts, aucune réponse positive. « Rien ne vient« , déplore-t-il.

« Tu as le sentiment de servir à rien, c’est dur pour toi, pour l’entourage, c’est vraiment dur pour le moral ! » confie-t-il avec émotion. Un ressenti douloureux, accentué par une contradiction de plus en plus criante : « Et dans le même temps, on te demande de travailler plus longtemps, c’est assez fou ! »

Ce désarroi illustre en effet une réalité statistique alarmante concernant l’emploi des seniors : le taux d’activité chute brutalement en France dès 53 ans, bien en deçà des moyennes européennes. Seuls 35 % des 60-64 ans y sont encore en emploi, contre 61 % en Allemagne.

Se reconstruire après 50 ans : Stéphane se lance dans l’auto-entrepreneuriat

Face à cette situation, Stéphane a décidé de reprendre les choses en main. Il prépare actuellement la création de sa propre entreprise dans le domaine de l’aide administrative et numérique à domicile.

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« Et psychologiquement, dit-il, le fait de prendre cette décision, ça va beaucoup mieux. C’est l’impression de faire encore partie du jeu, et c’est très important ! »

Des seniors surreprésentés parmi les chômeurs en Bretagne

Les chiffres régionaux confirment cette tendance. En Bretagne, au premier trimestre 2025, plus de 68 500 demandeurs d’emploi ont entre 50 et 67 ans, représentant 24 % de la population active.

Parmi eux, les seniors de très longue durée sont largement majoritaires, avec 40 % des chômeurs concernés. Les plus de 50 ans comptent pour 26,4 % des inscrits aux catégories A, B et C.

Pour tenter d’enrayer cette exclusion silencieuse des seniors sur le marché du travail, le ministère du Travail a récemment lancé la campagne « 50 ans et + : comptons sur l’expérience« , destinée à combattre les préjugés liés à l’âge. L’initiative valorise les atouts des travailleurs expérimentés : l’engagement, la transmission du savoir-faire et la fiabilité.

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« Derrière ces statistiques, il y a un immense gâchis humain et économique« , a déclaré la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet. Et ajoute : « Il y a une place pour tous dans le monde du travail […] Aujourd’hui, malgré des avancées ces dernières années, la France reste en retard […] Le gâchis pour toute la société et pour l’économie est immense.« 


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