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En entreprise, on est considéré comme senior dès 52 ans, bien avant l’âge de la retraite. Une enquête de l’Unédic dénonce des préjugés tenaces qui freinent l’emploi des plus de 50 ans. Face à ce constat préoccupant, le ministère du Travail appelle à un changement urgent de regard.
Emploi des seniors : à partir de quel âge les entreprises vous jugent-elles « trop vieux » ?
Dans le monde du travail, la frontière entre expérience et « âge avancé » est plus mince qu’on ne le pense. Selon une enquête récente de l’Unédic, les entreprises considèrent qu’un salarié devient senior dès 52 ans.
Une perception largement en décalage avec la société, où cet âge est plutôt fixé à 57 ans. Ce décalage d’image contribue fortement à la discrimination liée à l’âge au travail, freinant l’accès ou le maintien dans l’emploi après 52 ans.
Une exclusion précoce du marché du travail
Le travail après 50 ans relève souvent du parcours du combattant pour de nombreux actifs. À partir de 56 ans, les chiffres montrent qu’il devient nettement plus difficile de retrouver un emploi stable. Cette réalité illustre l’ampleur du chômage des seniors, souvent exclu·e·s du marché malgré leur expérience.
À voirRetraite : 2 millions de pensionnés dans le viseur de la Cour des comptes, qui est concerné ?En France, seuls 35 % des personnes âgées de 60 à 64 ans occupent encore un emploi, contre 61 % en Allemagne. Un chiffre qui pousse le ministère du Travail à réagir.
La ministre Astrid Panosyan-Bouvet a lancé fin avril un grand colloque dédié à l’emploi des 50 ans et plus, avec un objectif clair : « changer le regard » sur les seniors dans l’entreprise.
Pour elle, voir des salariés quitter prématurément leur activité est un « immense gâchis humain, social et économique ». La France, encore loin derrière ses voisins européens, doit engager une réforme de l’emploi des seniors pour inverser la tendance.
À voirRetraite progressive à 60 ans : nouveautés dès le 1er septembre 2025, qui peut en bénéficier et comment ?« Depuis les années 1980, nous nous sommes trop souvent accommodés de voir des femmes et des hommes sortir du marché du travail dès 50 ans.», déplore-t-elle lors de la présentation de son initiative.
Les préjugés persistent dans l’entreprise
Cette exclusion progressive repose principalement sur des préjugés envers les seniors en entreprise. Une partie des employeurs perçoit encore les plus de 50 ans comme « moins productifs ou moins investis », alors que les études montrent l’inverse : 55 % des actifs estiment que les seniors sont un atout pour l’entreprise.
Pourtant, ces qualités ne suffisent pas à contrer les freins à l’embauche. Seuls 8 % des actifs considèrent les seniors comme un handicap, mais ces stéréotypes continuent d’agir comme une barrière invisible sur le marché du travail. Une situation d’autant plus préoccupante que près d’un salarié sur quatre a déjà dépassé les 52 ans.
Le ministère du Travail à l’offensive
Pour « changer les pratiques», le ministère du Travail mise sur une campagne de sensibilisation qui débutera en juin. L’enjeu : convaincre que les seniors ont toute leur place dans les entreprises, à l’heure où le report de l’âge de la retraite impose de travailler plus longtemps.
Le gouvernement souhaite aussi encourager les parcours hybrides comme la retraite progressive ou le temps partiel, afin d’aménager la fin de carrière.
À voirVers une suppression du chèque énergie ? L’UFC-Que Choisir s’inquiète de l’avenir de cette aide aux foyers modestesLoin d’être un poids, les seniors dans l’emploi représentent une ressource précieuse encore trop peu valorisée. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il est plus que temps de mettre fin à la discrimination par l’âge au travail.