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Le Premier Ministre François Bayrou souhaite revoir en profondeur un avantage fiscal historique dont bénéficient les retraités : l’abattement de 10 % pour frais professionnels appliqué sur leurs revenus. Cette niche fiscale, bien qu’ancienne, n’a selon lui plus de justification aujourd’hui. En lieu et place, le chef du gouvernement propose un forfait fixe de 2 000 euros par personne, une mesure qui viserait à favoriser les pensions les plus modestes, tout en contribuant à l’effort budgétaire.
« Un forfait annuel pour avantager les petites retraites «
« Nous ferons la différence entre les foyers qui ont besoin d’aide ou dont les revenus méritent qu’on s’y attache et ceux qui sont au-dessus en termes de capacité« , a fait savoir François Bayrou, ce mardi 15 juillet.
« Nous allons créer un forfait annuel qui permettra d’avantager les petites retraites, de garantir un pouvoir d’achat inchangé aux retraites moyennes et de remettre dans le droit commun les retraites les plus importantes « , explique-t-il.
Un abattement critiqué et coûteux
L’abattement actuel permet aux retraités de bénéficier d’une déduction forfaitaire de 10 % sur leurs pensions, dans la limite de 4 399 € par foyer fiscal. Ce dispositif coûte cher à l’État : près de 4,5 milliards d’euros en 2023, « ce qui en fait la deuxième niche fiscale la plus coûteuse » pour les particuliers, après le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile.
Nombreux sont ceux qui, dans la sphère politique et économique, appellent à sa suppression. Le président du Medef, Patrick Martin, n’a pas hésité à qualifier ce mécanisme de « contre-nature », rappelant qu’un retraité ne supporte pas de frais professionnels. Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites, a également recommandé la fin de cette mesure.
Un forfait pour corriger les inégalités
Le remplacement de cette déduction proportionnelle par un forfait de 2 000 €, applicable de manière uniforme, devrait corriger certaines inégalités. Les petites et moyennes retraites y gagneraient en équité fiscale, tandis que les pensions les plus élevées verraient leur avantage réduit.
À voirLe gouvernement serre la vis sur les crédits à la consommation, une nouvelle loi en préparationSelon Éric Lombard, ministre de l’Économie, ce nouveau système permettrait de préserver le pouvoir d’achat des retraités les moins aisés. « Pour tous les retraités qui sont au début de l’échelle des impôts, leur fiscalité va baisser. Et effectivement, en compensation, la fiscalité des retraités qui gagnent plus de 20 000 euros par an sera légèrement augmentée. »
Une étude de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) confirme que les 5 % des retraités les plus riches (revenu annuel moyen de 95 500 €) pourraient perdre jusqu’à 860 € par an.
Une réforme assumée
Ce changement se veut incontournable pour atteindre les 43,8 milliards d’euros d’économies visés pour 2026. Outre la suppression de deux jours fériés, François Bayrou a aussi annoncé le gel des pensions cette même année, une mesure qualifiée « d’année blanche ».
Face aux nombreuses critiques sur le sujet, le Premier ministre se veut rassurant : « En 2026, les retraites ne baisseront pas. » Pourtant, la désindexation des pensions sur l’inflation équivaut bien à une perte de pouvoir d’achat relative.
À voirTaxe foncière : « pourquoi je n’ai rien reçu alors que mes voisins ont déjà leur avis 2025 ? »Malgré les controverses, certains ne manquent pas de défendre la démarche. C’est le cas de Pierre Jouvet, du Parti socialiste : « Je fais partie de ceux qui ont poussé pour la suppression de cet abattement. » Il y voit une forme de redistribution plus juste.
Même son de cloche pour Yaël Goosz, chroniqueur politique : « Trois quarts des ménages retraités seraient gagnants au final. »