Budget 2026 : pourquoi geler les retraites ne résoudra pas le problème des dépenses publiques

Pour beaucoup d'économistes, le gel des retraites ne règle rien sur le long terme.

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Alors que le gouvernement cherche par tous les moyens à combler un trou budgétaire de 40 milliards d’euros pour 2026, le gel temporaire des pensions de retraite est l’une des pistes d’économies les plus envisagées. Selon l’Institut des politiques publiques (IPP), cette mesure permettrait d’économiser 2,6 milliards d’euros en une seule année. Si elle est efficace à court terme, « ce n’est pas une solution pérenne pour redresser le système. »

Désindexation des pensions : « ce n’est pas une solution pérenne»

Le principe est simple : ne pas revaloriser les pensions au 1er janvier, en les laissant stagner malgré l’inflation. Pour Bertrand Martinot, économiste spécialiste des politiques de l’emploi à l’Institut Montaigne, il n’y a pas de doute possible : « Désindexer les pensions ne revient pas à les baisser, mais à les faire progresser moins vite que l’inflation. Concrètement, un retraité de 75 ans gagnera donc 1 % de moins en pension jusqu’à la fin de sa vie ».

« Au fur et à mesure que les nouveaux retraités, qui n’auront pas été désindexés, vont arriver à la retraite, l’effet va s’estomper. Ce n’est pas une solution pérenne », explique-t-il.

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À moins de généraliser cette désindexation dans le temps, la mesure n’a donc qu’un « impact budgétaire limité ». Pire : elle touche davantage les retraités les plus modestes. Cela ne fera qu’amplifier les inégalités et remettre en question l’équité des efforts demandés.

5 milliards d’économies grâce à la suppression de l’abattement fiscal de 10 %

Autre idée évoquée par les experts : supprimer l’abattement fiscal de 10 % dont bénéficient les retraités sur leur pension. Aujourd’hui, seuls 90 % de leurs revenus sont imposables. Passer à 100 % générerait 4,6 milliards d’euros de recettes supplémentaires, auxquels s’ajouteraient 400 millions d’économies sur les aides au logement.

Il est à rappeler que « la base de ressources utilisée pour le calcul des aides au logement correspond aux revenus après abattement de 10 % ». Total : 5 milliards. Pour Bertrand Martinot, c’est une piste crédible : « Il n’y a pas de raison que les retraités, qui ont un niveau de vie à peu près égal à celui des actifs, ne contribuent pas à l’effort de redressement du pays ».

De plus, ajoute-t-il, « cette niche fiscale créée dans les années 1970 n’a plus de raison d’être ». Mais là encore, l’impact reste limité. « Même en supprimant des niches fiscales de tous les côtés, le souci se situe du côté des dépenses. À un moment, il va falloir diminuer les dépenses pour véritablement redresser les comptes », prévient l’économiste.

Budget 2026 : vers une « année blanche » ? Est-ce vraiment LA solution ?

Une autre piste, encore plus radicale, fait débat : une « année blanche », où les dépenses de l’État seraient figées, sans indexation sur l’inflation. Cela inclurait pensions, prestations sociales et barème de l’impôt.

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L’IPP l’évalue à 5,7 milliards d’euros d’économies en 2026. Les partisans louent son efficacité. Mais l’opposition parle d’« impôt déguisé » ou de « très mauvaise solution ».


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