Afficher les titres Masquer les titres
Alors que la France affiche l’un des plus faibles taux d’emploi des plus de 60 ans en Europe, le gouvernement mise sur le CDI senior. Voté au Sénat, ce nouveau contrat entend faciliter le recrutement des seniors tout en répondant aux besoins des entreprises. Objectif : relancer l’activité professionnelle après 60 ans avec une formule gagnant-gagnant. Quels sont les avantages, les conditions d’accès et les limites de cette mesure expérimentale prévue jusqu’en 2030 ?
Quelles sont les conditions d’accès au contrat de valorisation de l’expérience ?
Le CVE (Contrat de valorisation de l’expérience) s’adresse aux demandeurs d’emploi âgés d’au moins 60 ans, ou dès 57 ans en cas d’accord de branche, qui ne peuvent pas encore bénéficier de la retraite à taux plein.
Pour y prétendre, il faudra présenter à l’embauche un justificatif de l’Assurance retraite indiquant l’âge de départ possible à taux plein. Cela permettra à l’employeur de planifier, dès l’origine du contrat, une rupture automatique une fois ce seuil atteint.
Quels sont les avantages pour les seniors ?
Pour les candidats expérimentés, ce contrat— aussi appelé CDI senior dans le débat public —permet de retrouver un emploi stable sous la forme d’un CDI, tout en continuant à valider des trimestres pour leur future retraite. Une aubaine pour ceux qui peinent à joindre les deux bouts.
C’est le cas de Ludovic, 61 ans, au chômage depuis un an et demi : « J’ai dû postuler auprès de plus de 70 entreprises. Dans la plupart des cas, pas de réponse, à part des refus. Je me sens frustré et trahi. Je sais que j’ai un avenir, avec une retraite future, mais cette période transitoire… ça ne va pas. »
À voirRetraite progressive à 60 ans : nouveautés dès le 1er septembre 2025, qui peut en bénéficier et comment ?La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, défend ce contrat comme une réponse à un « gâchis humain et économique que nous ne pouvons plus nous permettre ».
Quels bénéfices pour les entreprises ?
Du côté des employeurs, ce contrat prévoit une exonération de charges, notamment sur l’indemnité de mise à la retraite, ainsi que la possibilité de rompre le contrat une fois la retraite à taux plein atteinte, sans devoir attendre l’âge de 70 ans.
Stéphane, maître restaurateur de 58 ans, qui recherche un comptable, témoigne : « C’est un poste qui s’adresse à des gens qui ont de l’expérience, donc plutôt des seniors. Et s’ils sont éligibles à ce nouveau contrat, c’est super ! Nous, on l’embauche. »
Des critiques ?
Certains syndicats, comme la CGT, dénoncent un « CDD déguisé». Et pour cause : une fois l’âge légal de la retraite atteint, l’employeur peut rompre le contrat unilatéralement.
Ketty, 63 ans, y voit un premier pas, mais reste réaliste : « C’est bien d’inciter les employeurs à considérer les seniors autrement. Mais pour être considéré autrement, c’est aussi du ressort du senior d’accepter que les choses changent. »
À voirVers une suppression du chèque énergie ? L’UFC-Que Choisir s’inquiète de l’avenir de cette aide aux foyers modestesAutre limite : seulement 8 % des entreprises ont une politique active de recrutement des seniors. Les freins culturels et les préjugés persistent : supposée inflexibilité, coût salarial trop élevé ou manque d’adaptation aux outils numériques.
Pour réussir, ce contrat de valorisation de l’expérience devra s’accompagner d’un changement de mentalité plus large sur la place des travailleurs expérimentés.