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Depuis la disparition de la taxe d’habitation sur les résidences principales, les propriétaires de résidences secondaires sont de plus en plus nombreux à voir leur facture fiscale s’envoler. En 2025, 1 628 communes françaises ont choisi de majorer cette taxe, une hausse qui peut atteindre 60 %, et qui suscite la colère dans de nombreuses villes touristiques.
Pourquoi certaines communes surtaxent les résidences secondaires ?
La loi autorise depuis 2017 les communes dites « en zone tendue » à mettre en place une surtaxe entre 5 % et 60 % de la taxe d’habitation.
L’idée est à la fois de compenser le manque à gagner causé par la fin de la taxe d’habitation sur les résidences principales et d’encourager la remise sur le marché locatif ou la vente de logements pour répondre à la pénurie.
À voirLidl : 30 nouveaux magasins en France, les communes concernéesCertaines villes comme La Rochelle, Villeurbanne, Biarritz ou Chamonix appliquent désormais le taux maximum. À La Rochelle par exemple, la surtaxe est passée de 50 % à 60 % cette année.
La municipalité espère ainsi diminuer le nombre de résidences secondaires, qui représentent 12 % du parc immobilier, et favoriser la location à l’année pour les habitants locaux.
En Bretagne et en Nouvelle-Aquitaine, la surtaxe moyenne atteint presque 50 %, contre seulement 20 % en Bourgogne-Franche-Comté ou 33 % dans les Hauts-de-France.
Les propriétaires mécontents
Pour de nombreux propriétaires, cette hausse est vécue comme une injustice fiscale. Beaucoup affirment qu’ils ne sont pas de riches investisseurs, mais simplement des familles modestes qui ont hérité d’une maison ou qui l’utilisent uniquement pour leurs vacances.
À voirRéforme des retraites : la position ferme de la CFDT face au nouveau conclaveSelon l’Insee, seuls 35 % des propriétaires de résidences secondaires appartiennent aux ménages aisés, ce qui contredit l’image de « nantis » généralement associée à ces logements.
À Roquebrune-sur-Argens, dans le Var, 600 résidents secondaires ont créé un collectif pour demander la révision de la surtaxe. Sur l’île d’Oléron, où 22 000 propriétaires sont concernés, la grogne monte également.
Jean-Claude et Anne-Marie Pâté, propriétaires à Boyardville, se disent épuisés par la pression fiscale : « On nous a rajouté une surtaxe qui peut aller jusqu’à 60 %. C’est 108 euros sur un total de 929 euros de taxe d’habitation. Or, nous sommes loin d’utiliser tous les services », explique Jean-Claude au micro de France 3.
À voirPouvoir d’achat vs consommation : les Français restent prudents malgré des chiffres positifs, selon Thierry CotillardAnne-Marie, son épouse, ajoute avec amertume : « On est montrés comme des nantis, des privilégiés, et si on n’est pas contents, on n’a qu’à aller voir ailleurs. C’est ça qui me choque. »
Les élus défendent la surtaxe
Pour les communes, cette politique relève plutôt d’une « solidarité entre résidents secondaires, résidents principaux et acteurs économiques ». Sur l’île d’Oléron, Michel Parent, président de la communauté de communes, défend cette décision :
« Cette surtaxe, qui est la plus faible du territoire de la Charente-Maritime, va nous permettre d’offrir des logements aux salariés. C’est gagnant-gagnant.»
Dans les zones touristiques, les résidences secondaires sont accusées d’aggraver la crise du logement. Avec des logements occupés seulement quelques semaines par an, les habitants permanents peinent à trouver un logement abordable. Pour certains élus, surtaxer ces résidences est un moyen de réguler le marché immobilier.
À voir2 millions d’articles de la marque Jennyfer bradés à -75% chez Noz à partir de cette dateMais pour des propriétaires comme Bernard Berthomier, président de l’association Oléron Résidents Secondaires, ce raisonnement est trop simpliste :« On se rend bien compte qu’il y a eu un laisser-faire dans la construction. Aujourd’hui, on dit que c’est de la faute aux résidents secondaires. Non, le problème, c’est que les élus n’ont pas fait ce qu’il fallait à un moment donné. »
En plus de cette taxe d’habitation majorée, les propriétaires doivent aussi payer la taxe foncière, qui a augmenté en moyenne de 20 % en cinq ans.