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Une nouvelle étude internationale révèle une explosion sans précédent des fraudes à l’identité liées aux deepfakes et aux faux documents générés par intelligence artificielle (IA). Basée sur l’analyse de données issues de plusieurs régions du globe entre 2023 et 2025, cette enquête, menée par la société spécialisée en vérification d’identité Sumsub, met en lumière une transformation profonde des méthodes utilisées par les fraudeurs. La France, enregistrant une hausse spectaculaire de 700 %, n’échappe pas à cette tendance alarmante.
Des pratiques frauduleuses en pleine mutation à l’échelle mondiale
Ces douze derniers mois, les tentatives d’usurpation d’identité utilisant des deepfakes ont connu une envolée spectaculaire. D’après les dernières données comparatives enregistrées dans ce domaine entre les premiers trimestres 2024 et 2025, la hausse atteint 700 % à l’échelle mondiale.
Cependant, certaines zones sont particulièrement exposées à cette fraude automatisée plus que d’autres. En effet, la région Asie-Pacifique enregistre une progression vertigineuse de 1100 %, portée par des pics inquiétants à Hong Kong (+1900 %) et Singapour (+1500 %).
Même l’Amérique du Nord, pourtant réputée pour ses outils de cybersécurité avancés, se montre plus vulnérable, avec une hausse équivalente de 1100 %. Le Canada, pire encore, se distingue par une croissance exponentielle : +3400 % en deux ans, soit 35 fois plus de cas qu’auparavant.
À voirSuccession : qui paie la taxe foncière sur une maison héritée en indivision ?« Les menaces en ligne étant de plus en plus sophistiquées, il est important que les organisations publiques et privées revoient leurs protocoles de vérification de l’identité. Nombre d’entre eux ont été conçus pour des risques désormais obsolètes et sont inefficaces face aux menaces d’aujourd’hui« , explique Pavel Goldman-Kalaydin, Responsable IA et Machine Learning chez Sumsub.
En Europe, de son côté, les chiffres sont également alarmants : les tentatives basées sur les deepfakes y ont progressé de 900 %, avec des pays comme la France (+700 %), le Royaume-Uni (+900 %) et l’Allemagne (+1100 %).
En analysant les données, cette montée des deepfakes concerne surtout les pays les plus développés. À l’inverse, les zones disposant de moyens technologiques plus limités restent relativement épargnées : le Moyen-Orient (+3 %), l’Afrique (+1 %) et l’Amérique du Sud (+2 %) enregistrent des taux encore faibles, notamment en raison de l’accès limité aux infrastructures numériques, rendant la fraude biométrique impossible.
Documents synthétiques et usurpation d’identité : la nouvelle arme redoutable des fraudeurs
En parallèle, la falsification de documents à l’aide d’outils d’IA générative connaît une forte expansion. Ces “documents synthétiques” s’imposent progressivement comme la principale menace mondiale.
Le perfectionnement de ces outils, de plus en plus accessibles à tous, permet de créer des justificatifs d’identité, de résidence ou des visuels quasi indétectables par simple vérification.
À voirUne septuagénaire chasse des squatteurs avec un nid de guêpesL’Allemagne affiche une hausse de 566 % de ce type d’attaque IA entre 2024 et 2025. En France, quant à elle, la progression reste significative avec +281 %.
Par ailleurs, les fraudes traditionnelles reculent dans plusieurs régions, mais cela ne signifie pas leur disparition. Les escrocs déplacent simplement leur méthode, profitant d’outils comme les générateurs d’images ou d’avatars IA, capables de produire des contenus plus vrais que nature. Photos de profil, voix, vidéos ou pièces justificatives : tout peut désormais être contrefait avec un degré de réalisme troublant.
Cette évolution vers une fraude numérique de plus en plus perfectionnée pousse les professionnels de la cybersécurité à revoir leurs systèmes de détection. Les approches classiques deviennent obsolètes face à l’IA, si elles ne sont pas elles-mêmes enrichies par cette technologie.
La vérification d’identité doit désormais s’appuyer sur des solutions capables de repérer les signaux faibles, les incohérences invisibles à l’œil nu et les traces de génération artificielle.
Une cartographie mondiale des fraudes contrastée
L’analyse par région met en évidence des écarts notables dans la typologie des fraudes. En Asie du Sud-Est, notamment à Singapour et Hong Kong, l’explosion des deepfakes et des documents synthétiques s’explique par une forte numérisation des services, facilitant les attaques à distance.
À voirArrêt maladie : ce formulaire papier est désormais indispensable pour être acceptéEn Afrique, le phénomène est différent : les deepfakes sont rares, mais les documents d’identité artificiels gagnent du terrain. Le Nigeria en est un exemple frappant, avec une progression de +192,31 %.
En Amérique latine, la situation est nuancée : les falsifications classiques tendent à reculer, mais les documents générés par IA posent problème dans des pays comme le Mexique, où la hausse atteint +1200 %.
Quant au Moyen-Orient et à l’Afrique du Nord (ME/NA), les trois types de fraudes coexistent. La progression y est plus lente, mais constante. Les Émirats arabes unis et Israël enregistrent notamment des niveaux stables mais élevés de falsifications documentaires par IA.
Fraude numérique : les secteurs d’activité les plus ciblés en Europe
Certaines industries sont devenues des cibles privilégiées pour les cybercriminels. En Europe, le e-commerce concentre une part importante des attaques, avec une hausse de 176 % des tentatives de fraude entre début 2024 et début 2025.
Le secteur de l’éducation en ligne (EdTech) subit lui aussi une forte pression, avec +129 % de fraudes recensées depuis 2023. Du côté des cryptomonnaies, la hausse atteint 84 %, ce qui reste élevé comparé à la FinTech, plus stable, avec une progression de “seulement” 26 % sur un an.
À voirArnaque à l’assurance retraite : attention au faux email sur un « trop perçu » de votre pension !Bref, ces nouvelles données de Sumsub confirment que l’Europe est pleinement concernée par l’essor des cybermenaces, plus particulièrement les faux contenus générés par l’IA, qui touchent désormais toutes les sphères économiques et sociales.
« Il est essentiel d’adapter les stratégies de prévention de la fraude aux spécificités régionales, car le type, le volume et la sophistication de la fraude varient considérablement d’une région à l’autre », précise l’expert.