Qualité de l’air, santé, exclusions : que faut-il vraiment penser des ZFE ?

Zones à faibles émissions : baisse prouvée de la pollution, mais à quel prix social ?

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Zones à faibles émissions : bilan complet sur leurs effets réels sur la qualité de l’air, la santé publique… et les injustices sociales qu’elles provoquent.

Pollution en baisse, santé publique en progrès

Depuis leur mise en place en 2019, les zones à faibles émissions ont pour objectif de réduire la pollution de l’air liée au trafic automobile dans les grandes agglomérations françaises. Et les résultats sont là.

À Paris, l’organisme Airparif note que les émissions de particules fines dues à la circulation ont chuté de 32 % entre 2017 et 2023, dont 3 points directement attribués à la ZFE. Pour les oxydes d’azote, la baisse atteint 42 %, avec 6 points dus à la zone réglementée.

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Idem à Lyon : 22 % de baisse pour les oxydes d’azote et 11 % pour les particules fines, selon l’observatoire Atmo. « La concentration de dioxyde d’azote a été réduite de plus d’un tiers », soulignait en mars Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique.

En restreignant l’accès aux véhicules les plus anciens et les plus polluants, ces zones contribuent à améliorer la qualité de l’air… tout en provoquant un fort mécontentement social.

Les conséquences sur la santé sont mesurables : une étude conjointe d’Airparif et de l’Observatoire régional de la santé estime que 7 900 décès pourraient être évités chaque année en Île-de-France si les seuils recommandés par l’OMS étaient respectés. « 6 900 cas d’asthme, 590 cancers du poumon, 1 300 AVC » pourraient également être évités.

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« Toutes les études menées en Europe montrent cette même tendance avec une réduction de la pollution de l’air dès la mise en place de ZFE.« , confirme Charlotte Liotta, chercheuse en économie de l’environnement à l’Université autonome de Barcelone.

Les bénéfices environnementaux varient fortement d’un territoire à l’autre

Mais attention : toutes les ZFE ne se valent pas. Celles appliquant des règles strictes – comme Paris, Lyon ou Grenoble – obtiennent de meilleurs résultats que celles aux critères plus souples. Airparif prévoit que l’interdiction des véhicules Crit’Air 3 à Paris, entrée en vigueur en janvier 2025, pourrait encore faire baisser de 14 % les émissions d’oxydes d’azote.

Toutefois, le système a ses limites. Les vignettes Crit’Air ne prennent en compte que les émissions des pots d’échappement, négligeant au passage les particules générées par l’usure des pneus ou des freins. Un « angle mort » des ZFE, selon un rapport parlementaire évoqué par france24.com.

Une fracture sociale qui pose problème

Derrière l’ambition écologique, les ZFE soulèvent un malaise social. « Elles créent une forte blessure sociale« , déplore le député RN Pierre Meurin. La France insoumise parle d’un « dispositif injuste ».

Les ménages modestes, contraints de rouler avec de vieux véhicules, sont —sans surprise — les premiers pénalisés. Sans aide pour changer de voiture ni accès simple aux transports, ils se retrouvent exclus de certaines zones.

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La chercheuse Charlotte Liotta confirme : « Ce sont les plus modestes qui en pâtissent, car ils possèdent davantage de vieux véhicules polluants et habitent plus loin des transports en commun ou de leur lieu de travail ».

Une étude qu’elle a menée montre aussi que « les employés et les ouvriers sont les plus impactés par une perte d’accessibilité à l’emploi à cause des ZFE. Les trajets domicile-emploi sont devenus plus longs. » Ses recherches avaient été réalisées dans huit villes françaises.

Suppression des ZFE : un retournement de situation à l’Assemblée

Le 28 mai 2025, les députés annonçaient leur intention de supprimer les ZFE via le projet de loi de simplification de la vie économique. Mais coup de théâtre mi-juin : les députés macronistes, pourtant moteurs de la réforme, ont décidé de voter contre le texte, remettant tout en question.

Roland Lescure, député Renaissance, tranche : « Supprimer les ZFE, c’est hors de question ! » Ces zones, loin d’être enterrées, pourraient survivre à la tempête politique.

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Leur maintien devrait toutefois «  aller de pair avec des mesures d’accompagnement » pour ne pas aggraver les inégalités. « Il faut un ensemble de solutions plus large que les ZFE. Malheureusement, cela n’a pas été pensé », rappelle Charlotte Liotta. La chercheuse plaide pour un dispositif mieux encadré, à savoir « l’amélioration des transports en commun et l’accessibilité des logements ».


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