Retraite non payée : 30 000 dossiers, jusqu’à 9 mois pour certains, des témoignages bouleversants

"Heureusement que j'ai deux filles qui m'ont prêté de l'argent" : près de 30 000 retraités sans pension depuis plusieurs mois !

Afficher les titres Masquer les titres

Ils ont cotisé toute leur vie, mais au moment de partir à la retraite, c’est le vide sur leur compte en banque. En France, près de 30 000 nouveaux retraités attendent toujours le versement de leur pension, parfois depuis plus de neuf mois. La raison ? Un bug administratif conséquence d’un changement de logiciel à la CNAV. Certains doivent s’endetter, d’autres compter sur la solidarité familiale pour survivre. Témoignages poignants de retraités abandonnés par le système.

Un bug informatique à l’origine des retards

Chaque année, environ 850 000 personnes prennent leur retraite en France. Mais pour près de 30 000 d’entre elles, la transition vire au cauchemar : le versement de leur pension est bloqué, parfois pendant plusieurs mois, et même jusqu’à neuf mois dans certains cas.

La Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), qui traite les dossiers de retraite de base, reconnaît qu’un changement de logiciel est en partie responsable de ces délais anormalement longs. Ce nouvel outil, censé automatiser le calcul des droits, ne fonctionne pas à 100 %. Résultat : de nombreux dossiers doivent être traités manuellement, ce qui ralentit les procédures.

À voirRetraite : 2 millions de pensionnés dans le viseur de la Cour des comptes, qui est concerné ?

Selon Alice Coulon, déléguée syndicale UNSA-CNAV, « ce changement de logiciel a augmenté les délais de traitement, malgré nous ». Une situation confirmée par le directeur de la CNAV, Renaud Villard, qui admet que « le retard n’est pas résorbé » et qu’un effort massif est nécessaire pour revenir à une situation normale d’ici 2027.

« On a pris l’engagement, en 2027, d’être à 19.000 dossiers (en retard de traitement, NDLR). Ce sont 6.000 dossiers en moins qu’il va falloir aller chercher, et on va aller les chercher un par un », précise-t-il au micro de tf1.

Les victimes témoignent…

Ces retards ont évidemment des conséquences concrètes et dramatiques pour les personnes concernées. Heiter Shiers, retraitée franco-britannique, ne touche aujourd’hui que 1 000 euros de complémentaire par mois, au lieu des 1 800 euros attendus.

« Je ne peux pas payer ma location. C’est difficile. Il y a les factures, l’électricité, la voiture…», confie-t-elle, désespérée par l’absence de réponse claire de la CNAV « malgré les appels téléphoniques, les lettres recommandées… ».

À voirRetraite progressive à 60 ans : nouveautés dès le 1er septembre 2025, qui peut en bénéficier et comment ?

Brigitte Le Gall, autre victime du système, a dû emprunter de l’argent à ses filles pour survivre. L’une d’elles a même été contrainte de s’endetter pour aider sa mère.

« Heureusement que j’ai deux filles qui m’ont prêté de l’argent. Il y en a une qui a été obligée de faire un crédit pour pouvoir subvenir à mes besoins », regrette-t-elle face aux caméras de la Une. Son dossier n’a été débloqué qu’après neuf mois.

Un phénomène massif… et sous-estimé ?

Si la CNAV parle de 25 000 à 30 000 dossiers en retard, certains syndicats estiment que la situation est bien pire. Selon la CGT et la CFDT, jusqu’à 1 dossier sur 5 pourrait être concerné, notamment chez les retraités modestes ayant eu des parcours professionnels complexes (chômage, etc.).

Le manque de personnel accentue la crise : entre 2017 et 2021, les effectifs des caisses de retraite ont diminué de 14 800 à 13 700 agents, alors que le nombre de retraités est passé de 16,1 à 16,9 millions. Le volume croissant de demandes, combiné à des moyens humains insuffisants, favorise cet engorgement durable.

Comment éviter cette situation ?

Pour limiter les risques de retard, les experts conseillent de déposer sa demande de retraite entre 4 et 6 mois avant la date de départ souhaitée. Passé ce délai, le dossier risque de ne pas être prioritaire.

À voirVers une suppression du chèque énergie ? L’UFC-Que Choisir s’inquiète de l’avenir de cette aide aux foyers modestes

En cas de blocage, vous pouvez avoir droit à un paiement provisoire en attendant la régularisation du montant exact. Mais cette solution reste peu connue et rarement proposée.


Faites passer le mot en partageant !



Clic Anoo est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :