Travailleurs précaires : pourquoi ils ne profitent presque jamais du départ anticipé à la retraite

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Ils ont commencé à travailler tôt, souvent dans des conditions difficiles, et ne peuvent pas partir plus tôt à la retraite. Le dispositif de retraite anticipée pour carrière longue, censé permettre aux travailleurs modestes de partir deux ans avant l’âge légal, laisse de côté ceux qui devraient en bénéficier en priorité. La Cour des comptes tire la sonnette d’alarme : ce sont les salariés aux revenus les plus élevés qui profitent le plus de ce mécanisme, contrairement aux plus précaires, avec des carrières hachées.

Travailleurs précaires : pourquoi ils ne profitent presque jamais du départ anticipé à la retraite

Plus de 20 ans après sa mise en place, le dispositif de retraite anticipée pour carrière longue passe largement à côté de sa cible : les travailleurs les plus précaires, pourtant les plus exposés à la pénibilité.

Une promesse sociale qui ne tient pas pour les plus modestes

La Cour des comptes, dans un rapport publié le 10 avril, dénonce un système mal ciblé. En théorie, les ouvriers, employés peu qualifiés, apprentis ou personnes ayant enchaîné les petits boulots devraient bénéficier en priorité de cette mesure. Or, les chiffres montrent une réalité tout autre : les retraités aux pensions les plus faibles sont ceux qui partent à la retraite le plus tard.

En effet, seuls 13 % des bénéficiaires de la retraite anticipée pour carrière longue se trouvent parmi les assurés dont les pensions appartiennent aux 40 % les plus faibles.

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À l’inverse, les classes moyennes supérieures (du 5e au 8e décile de revenus) en sont les principaux bénéficiaires. Une situation contradictoire, quand on sait que les plus modestes sont les plus exposés à la pénibilité au travail.

Des carrières hachées qui bloquent l’accès au dispositif

La raison principale de cette injustice s’explique dans les parcours professionnels fragiles. Chômage, arrêts maladie, périodes d’inactivité liées à la parentalité ou à des emplois instables… Ces interruptions empêchent de valider suffisamment de trimestres pour être éligible à un départ anticipé à taux plein.

Ainsi, même si ces travailleurs ont commencé tôt, leur carrière fragmentée les disqualifie d’office du dispositif. C’est ce que la Cour des comptes qualifie de « décalage entre les bénéficiaires théoriques et les bénéficiaires effectifs ».

Un déficit d’information aux conséquences graves

Autre facteur en jeu : le manque d’information. Beaucoup de salariés ignorent qu’ils pourraient prétendre à la retraite anticipée, ou ne savent pas qu’il leur manque seulement quelques trimestres pour y accéder. Ce déficit de communication, notamment de la part des caisses de retraite ou de France Travail, pousse certains à prendre des décisions qui les éloignent de leurs droits sans le savoir.

« Les assurés sont très peu au courant, de leur éligibilité. Il y a un grand manque d’information autour de la retraite anticipée», indique Carine Camby, présidente de la première chambre de la Cour des comptes auprès du Capital.

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Par exemple, un travailleur en fin de carrière resté au chômage faute de solutions adaptées peut se retrouver exclu définitivement de la retraite anticipée, alors qu’un emploi temporaire aurait suffi à valider les trimestres manquants. « C’est un véritable gâchis », précise Angélique Perroux.


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