Profilage des chômeurs : France Travail pointé du doigt pour ses robots contrôleurs

France Travail : des robots pour fliquer les chômeurs ? L’IA au cœur de la polémique.

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France Travail épinglé pour un usage controversé de l’intelligence artificielle contre les chômeurs. Une méthode opaque dénoncée par La Quadrature du Net.

L’inquiétude des défenseurs des droits

Depuis le début de l’année 2025, France Travail a lancé une nouvelle phase de son dispositif de contrôle algorithmique du chômage, en déployant des robots contrôleurs chargés d’assister le tri et l’analyse des dossiers des demandeurs d’emploi.

L’objectif affiché : multiplier les contrôles afin d’atteindre 1,5 million de dossiers examinés d’ici 2027. N’empêche que cette automatisation de la surveillance préoccupe les défenseurs des droits.

Le fonctionnement du profilage des chômeurs

Ce dispositif mis en place repose sur un outil baptisé « CRE rénové » (Contrôle de la Recherche d’Emploi rénové), combiné à des algorithmes de tri.

Ces robots contrôleurs, bien qu’officiellement qualifiés de simples outils d’assistance, réalisent en réalité un profilage algorithmique des demandeurs d’emploi. Ils passent au crible les données personnelles des personnes inscrites à France Travail pour les classer en trois catégories :

  • Clôture (aucune suspicion),
  • Clôture potentielle (suspicion modérée),
  • Contrôle potentiel (suspicion élevée).

Ce classement est ensuite transmis au conseiller chargé du dossier, qui est ainsi orienté systématiquement vers les profils jugés « suspects » par l’algorithme. L’idée ? Gagner du temps, réduire les coûts et intensifier les contrôles grâce à l’automatisation.

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Une manière de faire qui, loin de favoriser l’insertion professionnelle, risquerait surtout d’accroître la stigmatisation et l’exclusion des plus vulnérables. D’ailleurs, officiellement, la direction de France Travail nie l’usage d’une véritable intelligence artificielle.

Selon l’organisme, rapporte La Quadrature du Net, « le profilage (ne) serait (tout simplement que) le résultat d’opérations algorithmiques simples issues de la combinaison de différents critères construits à partir des données personnelles détenues ».

Des critères flous et une opacité problématique

Les critères de sélection utilisés pour profiler les chômeurs sont nombreux : manque de candidatures envoyées, absence de connexion aux outils numériques (offres, carte de visite en ligne, etc.), non-respect des 15 heures d’activité imposées par la loi « Plein Emploi », entre autres.

Ce système est assurément basé sur une grille d’indicateurs internes rarement rendue publique. Ce manque de transparence sur les algorithmes inquiète.

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Le directeur de France Travail a même déclaré à la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs) qu’« aucun algorithme n’est utilisé » dans ce cadre, ce qui semble contredire les documents internes révélés par plusieurs journalistes.

Vers une surveillance automatisée des plus précaires

Ce système s’étend aussi aux bénéficiaires du RSA. Avec environ 17 % des contrôles aboutissant à une radiation, l’augmentation prévue du volume pourrait donc conduire à plus de 250 000 suppressions d’allocations par an d’ici 2027.

Ce sont surtout les personnes les plus éloignées de l’emploi, sans diplôme ou en situation de précarité, qui risquent d’être touchées.


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