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La fraude sociale a bondi de 20 % en 2024, mais elle reste sans commune mesure avec les 100 milliards d’euros qui s’évaporent chaque année à cause de la fraude fiscale en France. Décryptage.
« 450 millions d’euros de fraudes sociales détectées »
Lors de son entretien avec La Tribune dimanche, Nicolas Grivel, directeur de la caisse nationale des allocations familiales en a profité pour évoquer le bilan annuel de lutte contre la fraude sociale. « Au total, indiquait-il, il y a eu près de 450 millions d’euros de fraudes détectées. Soit 20 % de plus par rapport à l’année précédente, qui était déjà record… », reconnaît-il.
« Cela ne signifie pas que les allocataires fraudent plus qu’avant », mais parce qu’il y a eu intensification des contrôles menés par la CAF en 2024. « Nous ciblons mieux la fraude, nous croisons les données avec les organismes des impôts, avec France Travail, les Urssaf, etc », explique le patron de la Cnaf.
Environ « 30 millions de contrôles » ont été réalisés « l’an dernier » grâce à l’implication de 700 contrôleurs spécialisés.
À voirLe gouvernement serre la vis sur les crédits à la consommation, une nouvelle loi en préparationLa détection des fraudes s’est également améliorée grâce à « un service spécifique de lutte nationale contre la fraude à enjeux avec 40 enquêteurs » composée de profils variés – gendarmes, analystes, juristes, data scientists, banquiers, douaniers.
La fraude aux impôts dépasse de très loin la fraude aux aides sociales.
Ces 450 millions d’euros restent toutefois marginaux face aux sommes faramineuses liées à la fraude fiscale, estimée à près de 100 milliards d’euros par an par le Haut Conseil des finances publiques. Alors que la première représente environ 3 % des prestations versées par les CAF, la seconde prive chaque année l’État de ressources exorbitantes, essentielles pour financer les services publics.
Un enjeu budgétaire crucial alors que le gouvernement tente de combler un déficit de 40 milliards d’euros sans recourir à une hausse des impôts.
C’est dans ce contexte que la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, dénonçait mi-avril sur France 2, une « véritable industrie de la fraude organisée », bien plus inquiétante que le simple « voisin qui ne déclare pas très bien ses revenus ».
Bercy riposte
« La fraude, répète la ministre, c’est de l’argent volé aux Français ». Bercy lutte contre la fraude en multipliant les moyens : usage de l’intelligence artificielle par le fisc, analyse automatisée, et renforcement des équipes d’enquêteurs.
À voirTaxe foncière : « pourquoi je n’ai rien reçu alors que mes voisins ont déjà leur avis 2025 ? »« L’administration a beaucoup progressé dans sa traque », commente d’ailleurs Élisabeth Doineau, sénatrice, rapporteure générale de la commission des affaires sociales.
En 2023, le fisc a détecté 16,7 milliards d’euros de fraude fiscale, avec 13 milliards déjà recouvrés. Des résultats qui prouvent l’ampleur du problème. L’objectif affiché pour 2026 est de 15 milliards d’euros récupérés, preuve que la lutte contre la fraude fiscale est devenue une priorité nationale.