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Alors que la taxe foncière a bondi de plus de 37 % en dix ans, une question agite de plus en plus le débat : les locataires pourraient-ils, à leur tour, devoir en payer une partie ? Pour l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI), la réponse est claire : oui, il faut partager l’effort.
Pourquoi faire payer les locataires ?
Aujourd’hui, la taxe foncière est exclusivement payée par les propriétaires ou usufruitiers. Mais pour Sylvain Grataloup, président de l’UNPI, cette situation n’est plus tenable.
« Le locataire bénéficie des services publics et des équipements collectifs financés par la collectivité », rappelle-t-il. Il trouve « injuste » que seuls les propriétaires contribuent au financement des infrastructures locales comme les crèches, les squares ou les routes.
Il cite une scène simple : deux voisines discutant dans un square flambant neuf. « C’est très joli, ce square, mais il nous a coûté cher en taxe foncière ! », lance la propriétaire. « Ah bon ? Je ne sais pas, je ne paie pas la taxe foncière ! », répond sa voisine, locataire.
À voirBudget 2026 : ces 23 niches fiscales que le gouvernement Lecornu veut supprimer pour économiser 5 milliards d’eurosUn échange qui résume, selon lui, une injustice fiscale : tout le monde profite des équipements publics, mais seuls les propriétaires paient pour leur entretien.
Une taxe qui pèse de plus en plus lourd sur les épaules des propriétaires.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon l’UNPI, la taxe foncière a augmenté 4 fois plus vite que les loyers entre 2013 et 2023. En 2025 encore, elle progresse d’environ 1,7 % en moyenne dans les grandes villes. Certaines communes comme Annecy (+14 %) ou Villeurbanne (+10 %) ont même voté des hausses spectaculaires.
Pour de nombreux propriétaires, cette charge devient difficile à absorber, d’autant plus depuis la suppression de la taxe d’habitation en 2023, qui a privé les communes d’une ressource essentielle.
Vers une taxe partagée ou une nouvelle contribution ?
Pour l’instant, aucune réforme n’a été adoptée. L’idée de rendre la taxe foncière “récupérable” sur le loyer, comme certaines charges, est simplement une proposition de l’UNPI. Elle viserait à faire contribuer les locataires à hauteur de leur usage des services publics locaux.
Mais cette piste ne fait pas l’unanimité. « Ce n’est pas du tout justifié », réagit David Rodrigues, juriste à la CLCV. Pour lui, la taxe foncière est attachée à la propriété, pas à l’occupation. « Quand le locataire part, il ne va pas emporter un bout de l’immeuble avec lui », ironise-t-il.
À voirLivret A : découvrez le nouveau taux d’intérêt auquel vous pouvez vous attendre dès le 1er février 2026Les associations de consommateurs redoutent aussi des dérives, comme donner aux locataires un droit de regard sur les décisions de copropriété si eux aussi payaient une partie de la taxe.
Une “taxe de l’usager” à la place ?
Face à ces critiques, l’UNPI envisage un nouveau modèle : une “contribution locale des usagers des collectivités” (Cluc). Cette taxe serait payée par tous les habitants.« On ne parlerait plus de propriétaires ou de locataires, mais d’usagers », précise Sylvain Grataloup.
Cette contribution pourrait même être modulée selon les comportements citoyens, par exemple la rénovation énergétique d’un logement.