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La crise immobilière française s’aggrave, et les propriétaires bailleurs en sont les premiers touchés. Pour Véronique Bédague, PDG de Nexity, la situation est claire : l’État a tellement multiplié les contraintes fiscales et réglementaires que « l’immobilier n’est plus rentable ». Une déclaration forte, qui relance le débat sur la place de l’investissement locatif dans le logement en France.
Pourquoi Nexity parle d’une « mule trop chargée » ?
Selon la patronne de Nexity, premier promoteur immobilier français, les propriétaires croulent sous les obligations : « Entre l’impôt sur le revenu, les cotisations sociales, la taxe foncière, un peu d’IFI » l’encadrement des loyers, l’interdiction de louer les passoires thermiques… Résultat : « aucun banquier ou agent immobilier ne va vous recommander d’acheter un logement pour le louer à un étudiant ou à une famille », insiste Véronique Bédague, lors de son passage dans l’émission C à vous sur France 5.
Autrement dit, investir dans la pierre ne séduit plus. L’investissement locatif, qui représentait 27 % des achats début 2023, est tombé à 24,3 % fin 2024, selon les chiffres révélés par Century 21.
Des propriétaires dégoûtés
Pour Daniel, la cinquantaine, il n’y a plus de doute : « Il ne faut pas acheter de l’immobilier en France, tous les indicateurs sont au rouge ! Entre la fiscalité, les travaux de rénovation obligatoires, l’État qui nie le droit de propriété, ça ne peut qu’empirer », déplore-t-il depuis Bordeaux.
Même son de cloche du côté de certains professionnels. « En huit ans, s’il y a une chose qu’a réussie Emmanuel Macron, c’est d’avoir détourné les Français de l’immobilier », regrette Stéphane Desquartiers, formateur en école immobilière.
Immobilier ou obligations d’État : quel choix aujourd’hui ?
Pour Nexity, la comparaison est cruelle : « Il est plus rentable d’investir dans une obligation d’État plutôt que dans un logement », estime sa dirigeante. La pierre, jadis placement refuge, n’apporte plus la sécurité ni le rendement espérés.
À voirSuccession : PEL ou assurance vie, que vaut-il mieux léguer à ses enfants ?Toutefois, ce constat n’est pas partagé par tous. Charles Marinakis, président de Century 21, tempère : « L’immobilier reste une valeur refuge et un excellent placement. Certes, les prix ont baissé ces trois dernières années, mais sur dix ans, la tendance reste haussière. »
Une alerte adressée au gouvernement
La présidente de Nexity interpelle directement le Premier ministre Sébastien Lecornu : si rien ne change, le marché locatif continuera de se vider, alors que les demandes de logements explosent, notamment pour les étudiants.
Elle plaide pour le retour d’un « statut du bailleur privé », un dispositif fiscal qui permettrait d’amortir le coût d’un bien immobilier et de redonner de la rentabilité aux investisseurs particuliers.