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La démission surprise de Sébastien Lecornu, moins d’un mois après sa nomination à Matignon, a semé le doute. Dans ce climat d’instabilité politique, de nombreux acheteurs se demandent s’il vaut mieux signer leur crédit immobilier maintenant ou attendre un retour au calme. Les experts vous répondent…
Des taux immobiliers sous tension après la démission du Premier ministre
Depuis l’annonce du départ du chef du gouvernement, les taux d’emprunt de la France sur les marchés ont grimpé. Le taux de l’OAT à 10 ans, référence pour le financement des crédits immobiliers, a atteint 3,61 %, un plus haut depuis plusieurs mois.
Selon Edmond de Rothschild Asset Management, « la pression haussière sur les taux français risque d’être accentuée par une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale ». Plus la crise s’enlise, plus les taux pourraient monter.
Emprunter avant la hausse : un pari prudent selon les courtiers
Pour les professionnels du crédit, mieux vaut ne pas trop attendre. Le courtier Vousfinancer anticipe un taux moyen établi à 3,50 % d’ici décembre, contre 3,30 % actuellement. Une hausse modérée, mais réelle.
« Même si les taux remontent à 3,5 % sur 20 ans, je ne vois pas le marché se gripper », analyse Jordan Frarier, président de Foncia Transaction. D’après ses calculs, un emprunt de 200 000 € sur 20 ans passerait de 1 139 € à 1 160 € par mois, soit seulement 21 € de plus.
À voirTarifs bancaires 2025 : des hausses trois fois supérieures à l’inflation, les clients s’inquiètentPour Caroline Arnould, directrice générale de Cafpi, « l’instabilité politique peut provoquer un léger sursaut des taux, mais les marchés se stabilisent souvent rapidement. En période d’incertitude, mieux vaut sécuriser son taux au plus vite ».
Autrement dit, ceux qui attendent trop risquent de perdre une offre intéressante ou de voir leur financement remis en cause si les taux continuent de grimper.
Pourquoi la crise politique influence directement les taux immobiliers ?
Les taux des crédits immobiliers suivent de près l’évolution du taux de l’OAT à 10 ans, c’est-à-dire le coût auquel l’État emprunte. Si la confiance des marchés s’érode, les banques doivent se refinancer plus cher et répercutent ce coût sur les emprunteurs.
Plus la situation politique semble instable, plus la France est perçue comme risquée, et plus les investisseurs exigent une rémunération élevée. Résultat : les taux bancaires montent.
À voirCrédit immobilier : ce piège caché dans le changement d’assurance peut vous coûter très cherDe leur côté, les établissements financiers adoptent une posture prudente : ils resserrent leurs conditions d’octroi et examinent davantage les dossiers des emprunteurs, ce qui peut ralentir les projets immobiliers, surtout pour les primo-accédants.
Emprunter maintenant ou attendre ?
Aujourd’hui, les taux restent à un niveau considéré comme encore attractif comparé à 2023. Le marché n’est pas bloqué, et les banques continuent à prêter, notamment aux profils solides. Selon CNCEF Crédit, « l’erreur serait que, dans ce contexte, les ménages mettent à l’arrêt leurs projets d’achat immobilier ».
Pour ceux qui ont un projet abouti, emprunter dès maintenant semble plus sûr. En revanche, attendre une hypothétique baisse liée à une stabilisation politique comporte un risque réel : celui de rater la fenêtre actuelle avant une nouvelle flambée des taux.