Afficher les titres Masquer les titres
Alors que le marché de l’emploi semble se stabiliser aux États-Unis, les jeunes diplômés peinent toujours à s’insérer. Le taux de chômage dans cette tranche d’âge atteint aujourd’hui 5,8 %, un niveau inédit depuis plus d’une décennie — hors période Covid. Derrière ce chiffre, des parcours semés d’embûches, comme celui de cette jeune femme de 25 ans qui, après 250 candidatures restées sans réponse, remet en question sa propre estime de soi.
Chômage longue durée : 250 candidatures et aucun emploi… un témoignage poignant
En l’espace de deux ans, Rebecca Atkins, 25 ans, a envoyé plus de 250 candidatures, sans obtenir le moindre poste. Un parcours extrêmement déprimant qui reflète une réalité plus large : les jeunes diplômés américains doivent aujourd’hui composer avec le taux de chômage le plus élevé depuis plus de dix ans — si l’on ne tient pas compte de la parenthèse Covid-19.
« C’était extrêmement décourageant », confie la jeune femme, titulaire d’un diplôme en droit depuis 2022. « J’ai été convaincue (par ces nombreuses candidatures rejetées, NDLR) que j’étais une mauvaise personne et que je ne savais pas travailler », ajoute-t-elle avec amertume.
D’après les statistiques officielles, le chômage chez les jeunes diplômés atteint désormais 5,8 %, un seuil jamais vu depuis novembre 2013. Ce chiffre reste nettement supérieur à celui du chômage national, qui oscille entre 3,5 % et 4 % depuis la fin de la pandémie — un écart inhabituel, selon les économistes.
À voirDroits de succession : un don de 31 865 € venant d’un parent réduit-il l’abattement de 100 000 € ? La réponse d’une notaireCe déséquilibre s’explique en partie par le ralentissement du recrutement post-Covid, notamment dans des domaines traditionnellement prisés par les jeunes actifs, comme les technologies, la finance ou le commerce.
À cela s’ajoute un climat économique incertain, alimenté par les premières mesures de l’administration Trump, jugées imprévisibles sur les plans fiscal et commercial.
Rebecca Atkins témoigne des difficultés réelles rencontrées par de nombreux jeunes : « Tous les emplois que je voulais, je n’avais pas les qualifications requises — souvent, les emplois de junior exigent quatre ou cinq ans d’expérience », explique-t-elle. En attendant un poste stable, elle a enchaîné les petits boulots et les contrats à temps partiel, notamment dans la restauration.
Des études coûteuses, peu de débouchés : l’impasse des jeunes diplômés
De son côté, Katie Bremer, elle aussi âgée de 25 ans, a décroché un double diplôme en sciences de l’environnement et en santé publique en 2021 à l’American University de Washington.
Il lui a fallu plus d’un an pour trouver un emploi stable — qui ne correspond pas à son domaine de formation — et qu’elle doit compléter par du baby-sitting. « J’avais l’impression de travailler en permanence », raconte-t-elle.
À voirTaxe foncière : le chiffre qui donne un premier aperçu de sa hausse en 2026 pour tous les propriétaires« Face aux coûts de la vie, il semble impossible d’essayer de faire en sorte que son salaire suffise à payer toutes les étapes que l’on est censé franchir dans la vie d’un jeune adulte », confie-t-elle encore. « Il y a eu des moments où je me suis demandé comment ma génération allait faire pour que cela fonctionne », conclut-elle.
Ce décalage entre la formation et le marché de l’emploi est d’autant plus frappant que les études supérieures restent extrêmement coûteuses aux États-Unis : selon les données officielles, une année d’université revient en moyenne à 27 673 dollars. De nombreux jeunes diplômés se retrouvent donc à chercher leur premier emploi tout en étant déjà lourdement endettés.
Moins d’embauches dans la tech et les services : les postes juniors en péril
Le marché de l’emploi des cadres est également en berne. Les postes dans les services aux entreprises ont chuté de plus de 40 % depuis 2021, d’après une analyse de l’économiste Matthew Martin (Oxford Economics), qui souligne que le secteur technologique est particulièrement touché.
« On pourrait s’attendre à ce que les postes de cols blancs ne soient pas aussi exposés aux ralentissements cycliques » que ceux des autres secteurs, affirme-t-il dans les colonnes de l’AFP.
Selon lui, cette contraction de l’emploi est liée à deux dynamiques : d’une part, une réduction volontaire des effectifs après une phase de recrutement intense en 2022 ; d’autre part, l’impact naissant de l’intelligence artificielle.
À voirImmobilier : cette astuce d’assurance vie qui permet d’acheter un bien sans emprunter« Il s’agit en partie d’un ralentissement du rythme des embauches, car les entreprises redimensionnent leurs effectifs après avoir embauché à des taux très élevés en 2022, mais l’on assiste également à l’effet de l’intelligence artificielle (IA) », analyse-t-il.
L’intelligence artificielle, une menace pour les emplois ?
Gregory Daco, économiste chez EY-Parthenon, confirme que le gel partiel des embauches dans la tech pénalise surtout les jeunes actifs. Il relie ce phénomène aux incertitudes liées à la politique économique mise en place depuis l’arrivée de Donald Trump.
« L’expérience d’une incertitude extrêmement élevée en ce qui concerne les politiques commerciales, fiscales ou autres de l’administration a poussé de nombreuses entreprises à potentiellement ralentir ou geler leurs embauches », explique-t-il.
À voirLes primes d’assurance auto flambent : ce moyen peu connu peut vous faire économiser jusqu’à 400 €Il invite toutefois à la prudence : « La réalité est que beaucoup d’entreprises en sont encore aux premières étapes de l’adoption de ces nouvelles technologies, et je pense qu’il serait un peu prématuré de supposer que nous avons atteint un niveau d’utilisation (…) qui aurait un impact visible », tempère-t-il.
