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C’est un vrai coup de tonnerre pour près de 14 millions de retraités du secteur privé : leurs pensions complémentaires Agirc-Arrco ne seront pas augmentées au 1er novembre 2025. Une première depuis des années.
Un désaccord total entre syndicats et patronat
L’Agirc-Arrco, qui gère les retraites complémentaires des salariés du privé, devait fixer le nouveau taux de revalorisation annuelle le vendredi 17 octobre dernier. Habituellement, cette hausse suit l’évolution de l’inflation, estimée à 1 % en septembre par l’Insee.
Mais cette fois, les discussions entre syndicats et organisations patronales ont tourné court. Selon Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC : « C’est une première. D’habitude, ces négociations sont assez rapides. On trouve un terrain d’entente assez facilement. »
À voirÉpargne : le taux du LEP risque-t-il vraiment de dégringoler à 1 % le 1er février 2026 ?Rien de tel cette année : aucun accord n’a été trouvé, laissant les pensions inchangées. « Comme chaque année, le conseil d’administration de l’Agirc-Arrco s’est réuni pour décider du niveau de revalorisation des retraites complémentaires des salariés du secteur privé », indique le site agirc-arrco.fr.
« Faute d’accord entre les représentants des organisations patronales et syndicales qui le composent, les retraites complémentaires Agirc-Arrco ne seront pas revalorisées au 1er novembre 2025. La valeur d’achat du point Agirc-Arrco ne sera pas modifiée au 1er janvier 2026 ».
Les syndicats réclamaient 1 %, le patronat bloquait à 0,2 %
Les représentants syndicaux demandaient une hausse de 1 %. En cause : le gel des pensions prévu dans le PLFSS. Les retraités ont, selon eux, besoin d’un véritable coup de pouce pour préserver leur pouvoir d’achat.
D’autant que les comptes de l’Agirc-Arrco sont excédentaires :« Avec une hausse de 1 %, nous aurions encore neuf mois de versement dans les réserves », expliquait Michel Beaugas, secrétaire confédéral de FO.
À voirBudget 2026 : plus de 3 000 postes supprimés, la fonction publique dans le collimateur du gouvernementMais du côté du patronat, la prudence domine. Michel Picon, président de l’U2P, a justifié la position des entreprises : « Il n’est pas question de cramer la caisse. Avec la suspension de la réforme des retraites, nos réserves risquent de fondre assez rapidement. »
Les organisations patronales s’inquiètent que le gel temporaire de la réforme Borne, qui maintient pour l’instant l’âge légal à 62 ans et 9 mois, pèse sur les cotisations à venir. Moins de cotisations, plus de pensions à verser : le calcul est jugé risqué par les employeurs.
Une tension politique en toile de fond
« On sent que tout le patronat est en colère contre le gouvernement à cause de la suspension de la réforme Borne. Les négociations de l’Agirc-Arrco sont un prétexte pour dénoncer ces décisions », commente Pascale Coton.
Effectivement, confirme Michel Picon, « on ne peut pas revenir sur cette réforme et continuer de revaloriser les retraites(…) Ce n’est pas raisonnable ! Pour nous, rester sur notre position à 0,2 % est aussi un moyen d’envoyer un message au gouvernement : il faut bien que quelqu’un prenne ses responsabilités. Si le gouvernement n’y arrive pas, les partenaires sociaux y parviendront », lance-t-il.
Les retraités en font les frais
Cela signifie qu’à partir du 3 novembre 2025, aucune revalorisation ne sera appliquée sur la part complémentaire des pensions versées par l’Agirc-Arrco.
À voirRetraite 2026 : que change vraiment le nouvel abattement de 2 000 euros sur vos impôts ?Or, cette part représente entre 30 % et 60 % du montant total des retraites des anciens salariés du privé. Pour beaucoup, le gel équivaut à une perte de pouvoir d’achat.