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Le scandale autour de l’eau minérale Perrier prend une tournure judiciaire inquiétante. Au centre de ce nouveau rebondissement : Ronan Le Fanic, directeur industriel de Nestlé Waters, actuellement poursuivi pour faux témoignage, déposée par la commission d’enquête du Sénat. Cette dernière s’intéresse de près aux pratiques controversées de l’industrie de l’eau en bouteille en France, notamment sur le site de Vergèze, dans le Gard.
Des contaminations niées sous serment
Lors de son audition le 26 mars 2025 devant la commission d’enquête sénatoriale, Ronan Le Fanic a assuré, sous serment, qu’aucun incident de production de taille n’avait affecté l’usine de Perrier entre janvier et mars 2025.
Interrogé précisément sur d’éventuelles contaminations bactériennes ou arrêts de production à Vergèze, il a affirmé qu’il n’y avait eu “rien qui sortait de la routine”.
À voirRecrutement : n’est-il pas risqué de rédiger son CV avec l’IA ?Pourtant, les travaux de la commission d’enquête révèlent le contraire : « les 10 et 21 mars 2025, les lignes de production de Perrier ont été affectées par des contaminations bactériennes« .
Ces événements ont même conduit au « blocage de nombreuses palettes de bouteilles Perrier, blocage qui n’a toujours pas été levé à ce jour. » Un fait connu de la direction et jamais évoqué lors de l’audition.
Une plainte pour faux témoignage transmise à la justice
Face à ce qui est désormais considéré comme un mensonge sous serment, le Sénat a saisi le procureur de la République de Paris, estimant que Nestlé Waters, via son représentant, a volontairement cherché à cacher des faits compromettants.
Ce faux témoignage, s’il est avéré, est « passible de sanctions pénales : jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende », selon l’ordonnance du 17 novembre 1958.
À voirChèque énergie : vigilance accrue, les arnaques explosent avant le lancement de la campagneCette enquête sur Nestlé pourrait donc déboucher sur des poursuites judiciaires lourdes, renforçant le climat de suspicion qui pèse actuellement sur l’industrie alimentaire et sur la transparence des grandes entreprises vis-à-vis des droits des consommateurs et de l’éthique d’entreprise.
Une affaire symptomatique d’une industrie en cris
Cet épisode s’ajoute aux précédentes révélations dans l’affaire Nestlé, concernant notamment l’usage de traitements interdits et de techniques de microfiltration discutables pour purifier l’eau.
La découverte de ces procédés sur divers sites du groupe, dont celui de Vergèze, jette le doute sur la conformité réglementaire dans la fabrication de son eau minérale.
Plusieurs anciens responsables de l’usine Perrier ont déjà été entendus. L’un d’eux a reconnu l’existence de procédures de traitement illégales, mises en œuvre pour pallier une dégradation de la ressource naturelle.
À voirRappel de ratatouille Carrefour dans toute la France : attention à une possible présence de verreLe recours à des filtres de 0,2 micron, bien en-dessous de la limite légale fixée à 0,8 micron, est perçu comme une désinfection déguisée, pourtant interdite pour l’eau minérale naturelle.
Entre responsabilité d’entreprise et conséquences pénales
Au-delà de la responsabilité individuelle de Ronan Le Fanic, c’est bien la responsabilité de l’entreprise Nestlé qui est engagée.
Alors que le site de Vergèze est un site industriel stratégique, employant un millier de personnes, le choix de minimiser les incidents pour préserver l’image de la marque pourrait se retourner contre Nestlé Waters. L’entreprise est aujourd’hui rattrapée par ses propres décisions.
