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Un tiers des Français envisage aujourd’hui sérieusement de quitter la France pour s’installer à l’étranger. C’est ce que révèle un sondage OpinionWay pour Economie Matin et Taiga réalisé en décembre 2023, dans un contexte de tensions sociales croissantes, d’inquiétudes économiques et d’un climat politique jugé de plus en plus délétère. Ce phénomène d’expatriation n’est plus marginal : il touche toutes les catégories sociales, tous les âges, et gagne progressivement du terrain.
Un mal-être généralisé face à la situation française
Selon l’enquête, 30 % des personnes interrogées déclarent être tentées de partir vivre à l’étranger. Le chiffre grimpe à 54 % chez les 18-24 ans, signe d’un désenchantement profond de la jeunesse face à leur avenir en France.
Parmi les raisons évoquées : l’insécurité, la perte du « vivre ensemble », la montée des tensions identitaires, ou encore le sentiment d’être entravé dans ses ambitions économiques ou professionnelles.
À voirArnaque à l’assurance retraite : attention au faux email sur un « trop perçu » de votre pension !Des témoignages recueillis dans l’émission Estelle Midi sur RMC illustrent cette tendance de désaffection. Hamza, expatrié au Québec depuis 2017, raconte avoir quitté l’Hexagone pour retrouver « plus de sécurité, de respect et de tolérance« .
Il dénonce « l’individualisme » français et le climat devenu pesant après les attentats de 2015. « Le racisme s’est malheureusement démocratisé », regrette-t-il.
Un « climat délétère » pointé du doigt
Abdel, franco-marocain, a quant à lui décidé de s’installer au Maroc. Il évoque un « climat délétère » en France, notamment vis-à-vis des musulmans, qui le pousse à partir. Pour lui, c’est aujourd’hui une nécessité : « les gens se détestent. Il n’y a plus de vivre ensemble ».
Selon Vanguelis Panayotis, président de MKG Consulting, « on fait fuir les gens qui veulent créer de la richesse ». L’entrepreneuriat et l’ambition sont parfois très mal vus, au point de pousser certains talents à s’expatrier pour évoluer dans un climat plus favorable.
Les destinations privilégiées
Parmi ceux qui souhaitent partir, le Canada arrive en tête, suivi des États-Unis, de l’Allemagne, de l’Italie, puis de la Tunisie et du Maroc. Des pays perçus comme plus stables, plus accueillants ou avec une meilleure qualité de vie.
À voirFaire garder ses enfants devient un luxe : découvrez les départements les plus touchés par la hausseThierry, retraité de la police, a choisi Djerba, en Tunisie, pour sa douceur de vivre, son faible coût de la vie et l’absence de délinquance. « Pour rien au monde, je ne reviendrais », affirme-t-il, convaincu d’avoir fait le bon choix.
Une France qui perd des points au classement du bonheur
Le rapport 2024 de l’ONU sur le bonheur place la France à la 33e position sur 143 pays, loin derrière les pays nordiques. Ce recul de six places en un an confirme le malaise grandissant. Les critères retenus incluent le niveau de vie, la liberté, l’espérance de vie, le soutien social et la perception de la corruption.