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Le dernier rapport de l’Observatoire des inégalités, publié en juin 2025, est sans appel : emploi, logement, revenus… les fractures sociales s’aggravent en France. Alors que les 10 % les plus riches détiennent près de la moitié du patrimoine national, la pauvreté touche désormais 8,1 % de la population. Décryptage.
« Ville inégalitaire » : Neuilly, « la championne des championnes » en France
« L’inégalité se voit d’abord dans les grandes métropoles, car c’est le lieu principal de l’implantation du logement social. », présente d’emblée Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Mais, tempère aussi l’un des deux auteurs de ce dixième rapport, « Il y a aussi de la pauvreté dans les territoires ruraux ».
Les grandes villes, notamment en Île-de-France ou dans les Outre-mer, regroupent à la fois des foyers très riches et des populations très précaires. Neuilly-sur-Seine, par exemple, est « la championne des championnes ». Les écarts de revenus y sont les plus extrêmes, avec une très forte concentration de très hauts revenus.
À voirRentrée 2025 : je n’ai pas perçu l’ARS, que faire et comment vérifier que ce n’est pas une erreur de la CAF ?Par ailleurs, Nancy se trouve également en tête du classement des villes avec de fortes inégalités « où vivent pauvres et riches ». « On ne sait pas dire si une ville inégalitaire, c’est bien ou c’est mal en soi », s’interroge le sociologue.
L’Observatoire des inégalités révèle une France de plus en plus divisée
En deux décennies, «les 10 % des Français les plus fortunés détiennent de plus en plus de patrimoine», est-il rapporté dans les colonnes de la Nouvelle République. En 2021, ils étaient à la tête de 47,1 % du patrimoine national, contre 41,3 % en 2010.
À ce jour, 8,1 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec moins de 1 014 € mensuels pour une personne seule. Cela représente environ cinq millions de Français.
Le rapport— compilant les nombreuses données de l’INSEE et des ministères — révèle que les 10 % les plus aisés gagnent au minimum 3 653 € nets par mois, soit plus de 3,4 fois les revenus des 10 % les plus pauvres, qui disposent de moins de 1 086 €.
À voirAPL : revalorisation 2025 confirmée dès le 1er octobre, versement prévu le 5 novembreLe niveau de vie médian s’établit à 2 028 €, avec des classes moyennes comprises entre 1 608 € et 2 941 €. Malgré un système fiscal parmi les plus redistributifs au monde, ces écarts ne se réduisent pas significativement.
« Fracture sociale dans les conditions de travail »
Les inégalités se manifestent aussi fortement dans le monde du travail. Le rapport fait état d’une « fracture sociale majeure dans les conditions de travail ».
Près de 70 % des ouvriers subissent « au moins trois contraintes physiques pénibles », comme porter des charges lourdes ou rester debout de longues heures. Ce chiffre tombe à 7 % chez les cadres.
En outre, environ huit millions de Français sont concernés par le mal-emploi,, c’est-à-dire sans emploi stable ou sous contrat précaire. Parallèlement, 2,2 millions de personnes vivent dans des logements dégradés.
Inégalités environnementales : une nouvelle alerte
Pour la première fois, le rapport analyse les inégalités environnementales. « Près des deux tiers des ouvriers » sont exposés aux nuisances telles que poussières, produits chimiques ou bruit sur leur lieu de travail (« contre à peine un cadre supérieur sur dix»).
À voirAPL 2026 : deux catégories de locataires bientôt exclues des aides au logement ?Dans certaines régions comme le Centre-Val de Loire, les ménages les plus modestes « ont un risque élevé d’exposition aux poussières en suspension dans l’air (les « particules fines ») : « 12 % des ménages de ce territoire sont exposés à une concentration de particules dangereuse pour la santé ».
Pour Louis Maurin, « on peut continuer à ignorer toutes ces alertes [sur l’accroissement des inégalités] mais il ne faut pas se plaindre des conséquences politiques de cette surdité ».