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En 2026, le gouvernement prévoit une « année blanche » des prestations sociales : aucune revalorisation des aides en fonction de l’inflation. Parmi elles, les Aides personnalisées au logement (APL), essentielles pour des centaines de milliers d’étudiants. Ce gel, voulu par François Bayrou pour réaliser 7,1 milliards d’euros d’économies, pourrait frapper de plein fouet cette catégorie de population déjà confrontée à la hausse du coût de la vie.
Des dépenses étudiantes en forte hausse
Selon l’Unef, le coût de la vie étudiante a bondi de 4,12 % en un an, contre +2,25 % l’année précédente. Un étudiant dépense donc en moyenne 807 € de plus qu’en 2024. La secrétaire générale du syndicat, Hania Hamidi, prévient : « Les étudiants vont encore être (…) les plus touchés par cette année blanche ».
Les loyers dans le privé ont progressé de 2,46 % et ceux des résidences Crous de 3,26 %. La Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC), en hausse continue depuis 2018, et l’augmentation du prix des transports aggravent encore la situation. Résultat : le coût de la vie étudiante a grimpé de 32 % depuis 2017.
À voirBudget 2026 : ce qui va changer pour les bénéficiaires de l’AAH touchant aussi la prime d’activitéPour beaucoup, les APL sont un pilier de leur équilibre budgétaire. Jérôme, 23 ans, vit dans les Pyrénées-Atlantiques : « Sans APL, je n’aurais pas pris cet appartement », explique-t-il au sujet de son logement à 410 € de loyer. Ses APL de 350 € sont désormais recalculées, et avec des loyers à 700 € dans la région, il juge tout projet de déménagement « impossible ».
Mamadi, 22 ans, apprenti plombier en région parisienne, vit aussi sous tension financière. Après une opération et un arrêt maladie, il ne percevra que « 600 euros, plus 110 euros d’APL » pour un loyer de 500 €. « Ça va pas le faire », confie-t-il.
Une précarité étudiante alarmante
Les associations alertent : le gel des APL pourrait précipiter des milliers d’étudiants vers l’aide alimentaire. Julien Meimon, président de Linkee, observe : « Ce sont des étudiants qui sont à l’euro près. (…) Tous ceux qui viennent dans nos distributions (…) ont moins de 100 euros de reste à vivre. (…) Qui peut y arriver en France ? Ce n’est pas possible. »
Laura, étudiante en littérature, ne dispose que de 25 € pour tout le mois de juillet : « À un moment donné, il faut bien se nourrir, donc c’est pour ça qu’on se redirige vers des distributions alimentaires comme Linkee. » Amélie, étudiante en communication, abonde : « Devoir se priver de nourriture pour un ordinateur, ce n’est pas normal. »
Un effet boule de neige sur le logement et le quotidien
Selon la Fondation pour le logement des défavorisés, les APL ont déjà « évolué deux fois moins vite que les loyers sur les 10 à 15 dernières années ». Leur gel accentuerait la difficulté d’accès au logement pour les jeunes, déjà premiers touchés par la précarité et l’inflation.
À voirSécu : vers des arrêts maladie limités à 15 jours pour freiner les dépensesDans un contexte où 600 000 étudiants peinent déjà à se nourrir correctement, le gel des APL lors de l’« année blanche » 2026 risquerait d’aggraver massivement la pauvreté étudiante et de rendre l’accès au logement encore plus compliqué.
