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Logement indigne, précarité, sans-abris : la crise s’aggrave à La Réunion. Un rapport critique pointe « l’attentisme » de l’État face à 143 000 personnes mal-logées. Détails chocs.
Crise du logement à La Réunion : plus de 140 000 personnes mal-logées — pourquoi l’État est pointé du doigt
La situation du logement à La Réunion est préoccupante, et les chiffres publiés dans le dernier rapport de la Fondation pour le Logement, ex-Fondation Abbé Pierre, fait état d’un véritable abandon de la part des pouvoirs publics.
Ce document critique ouvertement l’inaction de l’État, qualifiée « d’attentisme« , face à une urgence sociale qui affecte plus de 143 000 personnes mal-logées sur l’île.
Un manque de réponse politique face à une crise structurelle
Le rapport dénonce d’abord une instabilité ministérielle qui paralyse toute politique publique cohérente. « 2024 est une année presque blanche« , résume la Fondation, en référence à l’absence de ministre du Logement pendant plusieurs mois. Cela empêche toute planification à long terme et retarde considérablement les projets de construction, aggravant une crise déjà bien enracinée.
L’État est aussi accusé pour son manque de réactivité face aux sollicitations locales. Lors de sa venue en avril 2025, Emmanuel Macron n’a pas inclus la question du logement dans son programme de visite à La Réunion, malgré de multiples demandes d’audience formulées par les acteurs du secteur.
À voirCAF : vos APL ont diminué ? Voici ce qui peut expliquer cette baisse« Beaucoup de tristesse parce que c’est un sujet majeur pour le territoire, pas faute d’avoir demandé des audiences avec l’Elysée ou les ministres en visite », déplore Matthieu Hoarau, directeur régional de la Fondation pour le Logement. « Tous les indicateurs sont au rouge alors qu’on a tous les leviers pour agir. »
Le problème est pourtant bien palpable. Il concerne directement près de 200 000 Réunionnais en situation de fragilité.
Un déficit dramatique de logements sociaux
L’un des points majeurs soulevés dans ce rapport est la grave pénurie de logements sociaux. Alors que la demande a bondi de 50 % en cinq ans, atteignant désormais 50 000 ménages, les constructions stagnent. En 2024, seulement « 1 739 logements sociaux ont été livrés, contre 2 909 en 2017 ».
« Pire encore, 8 500 logements sociaux, (pourtant déjà) financés par l’État, ne sont toujours pas en chantier ». La majorité des demandeurs (97 %) ont besoin de logements très sociaux, adaptés à de faibles revenus, mais les programmes lancés se limitent jusque-là qu’à des logements intermédiaires, inaccessibles pour une grande partie de la population locale. Résultat : l’offre actuelle ne correspond pas aux besoins, et l’écart ne cesse de se creuser.
Hébergement d’urgence saturé, enfants et seniors mis de côté
La saturation complète des dispositifs d’hébergement d’urgence y est également déplorée. Plus de 3 000 personnes sont sans abri, dont 330 enfants de moins de 3 ans qui ne bénéficient d’aucune prise en charge par le 115. Une « maltraitance institutionnelle », estime la Fondation.
À voirFêtes 2025 : ces aides qui vont adoucir vos dépenses de fin d’année en plus de la prime de Noël« Cela devrait provoquer l’effet d’un électrochoc de la part de l’État », ajoute Matthieu Haorau. Les personnes âgées sont aussi gravement touchées : 14 000 vivent dans des « habitations de fortune », souvent sans eau ni électricité, et 2 000 individus de plus de 60 ans dans des logements indignes.
À La Réunion, plus de 30 % des seniors vivent sous le seuil de pauvreté, un chiffre trois fois supérieur à celui observé dans l’Hexagone. « Les personnes âgées précaires ne sont pas suffisamment prises en compte dans les politiques publiques pour les sortir de la rue, favoriser leur maintien à domicile dans des logements abordables, ou réhabiliter leurs logements indignes ».
Une urgence chiffrée : 172 500 habitations à construire d’ici 2050
Enfin, il faudrait encore construire 172 500 logements d’ici 2050 selon l’estimation de l’Insee. « Ce rapport est l’occasion de rendre compte des réalités rencontrées sur le terrain. Aujourd’hui, l’hébergement d’urgence est saturé et 29.500 logements (pour absorber le non-logement et le mal-logement, NDLR) — dont 14.000 logements sociaux — manquent à l’appel« , conclut-il.
