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Ces derniers jours, une histoire ahurissante a circulé sur les réseaux sociaux et certains sites d’actualités : un fermier français, nommé Michel Dupont, aurait trouvé un gigantesque gisement d’or dans son jardin, en Auvergne. Montant estimé : 4 milliards d’euros. Problème ? Il s’agit d’une fausse découverte créée de toutes pièces à l’aide de l’intelligence artificielle. Voici comment cette intox a pu berner autant de monde…
L’or de Michel Dupont : cette fausse trouvaille qui a fait le buzz
Le fermier de 52 ans indique avoir « remarqué une lueur inhabituelle dans la vase » pendant qu’il marchait « le long du petit ruisseau qui traverse [s] a propriété ». Il lui a fallu creuser un peu pour tomber sur « des pépites d’or ».
Dès la lecture de l’article ayant lancé cette rumeur, plusieurs incohérences sautent aux yeux. D’abord, l’absence de sources fiables : aucun média sérieux n’a confirmé la moindre découverte d’or.
À voir17 000 € envolés : un senior piégé par une entreprise lors d’un démarchage à domicileLe témoignage de ce soi-disant agriculteur, Michel Dupont, n’est adossé à aucune preuve vérifiable. Pas de date précise, pas de lieu exact, et surtout, souligne Marc Poujol, professeur à Géosciences Rennes, aucun relais dans la presse locale ou scientifique.
Le hic dans cette affaire, c’est qu’il n’y a aucune trace des « interactions (de Michel Dupont) avec les journalistes, les experts et les représentants du gouvernement » qui lui auraient rendu visite « pour l’informer que l’exploitation de ce gisement serait temporairement bloquée », comme relaté sur le site à l’origine de l’article, Atelier-de-France.fr.
Pire encore : ce même site a publié dans le même week-end près d’une quinzaine d’histoires identiques sur des gisements en Ariège, des nappes de pétrole « secrètes« , ou des enchères entre multinationales.
À voirVoyage en avion : un homme en surpoids expulsé après avoir demandé un autre siègeDes récits qui suivent toujours le même schéma : titres sensationnalistes, contexte flou, personnages génériques, la mention d’une injustice ou un scandale caché par l’État. Bref, tous les ingrédients d’une fake news virale.
Du contenu généré par IA pour générer du clic
Comme expliqué par Giada Pistilli, philosophe spécialisée en éthique de l’IA, « ces plateformes s’alimentent principalement par l’agrégation de contenus légitimes, reformulés pour éviter la détection de plagiat ».
L’objectif : créer des pages qui génèrent du trafic grâce à des mots-clés recherchés comme « gisement d’or » ou « découverte d’or en France ». Ces articles sont ensuite poussés par les moteurs de recherche, attirant les clics… et donc les revenus publicitaires.
Les textes utilisent les codes du journalisme : fausses citations d’ »experts« , intertitres creux, noms bidons et photos issues de banques d’images.
À voirTikTok : il escroque plusieurs McDonald’s en France avec une astuce virale et écope de 9 mois de prison« Leur stratégie de référencement, confirme l’expert, exploite les mécanismes fondamentaux des algorithmes de recherche : optimisation SEO, création de réseaux de sites interconnectés et ciblage de niches informationnelles sous-représentées mais recherchées par le public ».
Pourquoi c’est impossible
aucun gisement d’or de cette ampleur n’a jamais été répertorié en Auvergne. Marc Poujol explique que chaque métal dépend du type de roche, et qu’une telle découverte est tout simplement improbable sans études géologiques rigoureuses. Or, aucune d’entre elles n’a été menée ni publiée.Par ailleurs, en France, l’exploitation d’un gisement d’or est encadrée par une législation stricte, tel que confirmé sur minéralInfo, référence en la matière.
Cela prend des années de démarches, des autorisations officielles, des études d’impact, des permis… Rien de tout cela n’a été engagé.