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Dans les campagnes françaises, certains drames passent inaperçus. C’est le cas de cet éleveur qui, après deux longues années d’absence forcée due au squat illégal de sa ferme, a retrouvé un paysage de désolation. Des vaches maigres, livrées à elles-mêmes, des bâtiments délabrés et une production laitière réduite à néant…
Patrice et Josianne Garanger retrouvent enfin leur ferme après 23 mois d’occupation illégale
Après deux années d’occupation illégale, Patrice Garanger a repris possession de sa ferme, située à Montigné-le-Brillant. Ce retour très attendu a cependant été assombri par un constat accablant : ses vaches étaient amaigries, la qualité du troupeau dégradée, et la perte de lait estimée à plus de 2 000 litres.
« Aujourd’hui, tout le monde connaît la ferme de la Haimerie à Montigné-le-Brillant », ironisait Patrice Garanger, en faisant allusion à son exploitation squattée par un couple ayant « oublié de payer la reprise ».
À voir17 000 € envolés : un senior piégé par une entreprise lors d’un démarchage à domicileLa situation a dégénéré à partir du moment où un couple repreneur, censé racheter l’exploitation, s’est installé sans jamais régler les 500 000 € prévus pour la transaction. En l’absence de paiement et après 23 mois de démarches juridiques, les Garanger ont finalement pu récupérer leur exploitation. Mais à quel prix ?
Les dégâts ont été considérables : « mes vaches avec 2 000 kg de lait en moins »
L’état du troupeau reflète une gestion catastrophique. Patrice avait laissé des vaches Normandes produisant 7 600 litres de lait par an ; il les a retrouvées à seulement 5 800 litres. Il aurait fallu dix vaches supplémentaires pour maintenir les volumes précédents.
Les fourrages, de piètre qualité, et une reproduction défaillante ont fortement impacté la rentabilité. Sur 65 vaches, 20 ont été réformées, et 18 des 20 génisses étaient vides. Le taux cellulaire au tank dépassait 800 000, avec certaines bêtes au-dessus du million.
« C’est impressionnant de voir à quelle vitesse un élevage peut se dégrader », regrette l’agriculteur. Les pertes économiques sont énormes : stocks de fourrage réduits à néant. « Le matériel est abîmé, le bâtiment a gagné en vétusté », déplorait-il les dégâts.
À voirVoyage en avion : un homme en surpoids expulsé après avoir demandé un autre siègePatrice Garanger a pris une décision radicale : arrêter la production laitière d’ici l’été 2025. Une décision lourde de conséquences, mais compréhensible après une telle désillusion.
Après 2 ans de galère, depuis que sa ferme a été squattée, et la désillusion de retrouver ses vaches amaigries, il refuse désormais de confier son outil de travail, que ce soit à de nouveaux éleveurs ou à des institutions comme la Safer, qu’il accuse d’avoir failli à leur rôle de filtre.
« Ce sont de vrais professionnels de l’escroquerie »
« En l’état, admet-il, on ne peut pas installer un jeune sur la structure, et de toute manière, je ne me vois pas repartir dans les démarches. »
« Notre erreur est d’avoir fait confiance, et d’avoir donné les clés avant la vente », confie Patrice Garanger au sujet de la famille Dubois. « Dans le monde agricole, une parole est une parole. Ça n’est pas partout comme ça… ».
À voirTikTok : il escroque plusieurs McDonald’s en France avec une astuce virale et écope de 9 mois de prison« Ce sont des escrocs. Ils ne sont pas solvables. On sait qu’ils ne paieront rien(…) Pour moi, poursuit celui qui hésite à intenter une action en justice, l’important, c’est de faire savoir qu’il y a des arnaqueurs, en agriculture comme ailleurs, et d’éviter à d’autres de tomber dans le panneau. » D’ailleurs, confirme-t-il, « on a appris qu’ils avaient fait des tentatives similaires sur d’autres structures ».
« On n’était pas sur de simples problèmes de financement. Ce sont de vrais professionnels de l’escroquerie », souligne l’agriculteur. « Ils ont laissé des dettes à tous leurs fournisseurs. Ils ont même réussi à se faire livrer un tracteur sans le payer », raconte la victime.