Nestlé Perrier : son statut d’« eau minérale naturelle » pourrait disparaître sans nouveau forage selon un hydrogéologue

Eau Perrier : la fin du label "minérale naturelle est proche ? Un expert pointe une contamination liée à la surexploitation.

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L’avenir de la célèbre eau pétillante Perrier est incertain. En cause : la qualité de l’eau de la source de Vergèze (Gard), jugée insuffisante pour continuer à bénéficier de l’appellation réglementée « eau minérale naturelle ». Selon l’hydrogéologue agréé Jean Carré, une seule solution permettrait à Nestlé de conserver ce statut : réaliser un nouveau forage dans une zone préservée. Faute de quoi, Perrier risque de basculer dans la catégorie des eaux traitées.

Des procédés non autorisés par la réglementation pour ce type d’eau

Depuis plusieurs années, des contaminations bactériennes et chimiques ont été détectées dans plusieurs puits du site Perrier. Pour y faire face, Nestlé n’a pas hésité de recourir à des traitements interdits pour les eaux minérales naturelles, comme la microfiltration à 0,2 micron ou les UV.

Ces techniques, contraires à la réglementation, ont été dénoncées par l’ARS (Agence régionale de santé) et par les hydrogéologues mandatés par la préfecture du Gard. En mai 2025, le préfet a exigé que ces filtres soient retirés sous deux mois.

« Le problème est qu’il faut produire toujours plus ».

L’hydrogéologue agréé Jean Carré confirme que ces contaminations proviennent de la fracturation des calcaires en profondeur, aggravée par l’exploitation intensive de la ressource : « le problème pour les minéraliers est qu’il faut produire toujours plus, ce qui fragilise la qualité ».

Les forages actuels étant trop sollicités, souligne celui qui a été expert pour l’Anses, l’unique issue serait de forer dans une zone non fracturée. Pour cela, préconise-t-il, il faut «revenir à des débits raisonnables pour conserver la qualité. Si vous tirez beaucoup d’eau avec des forages, l’eau qui circule est plus jeune qu’à l‘origine.»

L’État cautionne-t-il sans rien faire ?

Autre problème de taille : la présence de métabolites de pesticides et parfois de bactéries d’origine fécale dans les puits, comme l’attestent plusieurs documents confidentiels. Ces polluants sont incompatibles avec la notion de « pureté originelle » exigée pour une eau minérale naturelle.

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Or, selon le rapport de la commission d’enquête sénatoriale, tous les puits de Vergèze auraient perdu cette pureté. Le label est donc légalement injustifiable.

Un lanceur d’alerte a révélé au grand jour qu’un rapport sanitaire aurait été modifié sous la pression de Nestlé, avec la complicité de certains fonctionnaires. L’objectif ? Masquer la contamination et éviter l’arrêt de l’activité, pourtant exigé par plusieurs experts.

Le gouvernement aurait même accordé des dérogations exceptionnelles au N°1 mondial des eaux en bouteille pour continuer à utiliser certains filtres sur les forages « les moins pollués », tout en détournant les plus affectés pour une nouvelle gamme baptisée « Maison Perrier », vendue comme boisson gazeuse, mais sans mention minérale.

Perrier : appellation eau minérale en danger ?

« À moins de pouvoir réaliser des forages dans des secteurs moins fracturés et obtenir une qualité d’eau qui se maintient, je ne vois pas comment supprimer la pollution bactériologique si elle est liée à la fracturation profonde», donne son avis l’hydrogéologue Jean Carré.

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Perrier pourrait par conséquent perdre définitivement son statut « d’eau minérale naturelle qui fait sa réputation depuis plus d’un siècle », rappelle Le Monde, mettant en péril l’image de la marque… et l’emploi de plus de 1 000 salariés à Vergèze. La plus célèbre des marques d’eau gazeuse française est effectivement le « premier employeur de la ville. »

« Les ARS font leur travail en régions, mais les décisions finales sont prises plus haut, essentiellement au niveau du Préfet qui regarde l’impact sur l’économie et les emplois », conclut Jean Carré.


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