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France Travail s’apprête à déployer à l’échelle nationale son intelligence artificielle de présélection des candidats, d’ici la fin 2025. Testé dans les agences des Pays de la Loire et du Centre-Val de Loire, le chatbot MatchFT permet d’analyser les profils via SMS avant tout contact humain. Une transformation numérique majeure, mais qui suscite des réactions contrastées sur le terrain.
Comment fonctionne MatchFT, le chatbot de France Travail ?
MatchFT est un puissant outil de « matching » (c’est-à-dire de correspondance) qui vise, comme son nom l’indique, à rapprocher efficacement l’offre et la demande sur le marché du travail.
En effet, l’application facilite la phase de présélection des candidats en menant une conversation automatisée, avec pour objectif d’accélérer les processus de recrutement.
À l’identification d’offre donnée, le chatbot entre en contact avec les profils sélectionnés par SMS. Il les interroge ensuite sur des éléments essentiels : qualifications spécifiques à effectuer les missions proposées, motivation pour le poste, contraintes de déplacement, disponibilité, etc.
À voirImmobilier : la fin des plus-values à Paris ? Un propriétaire sur cinq vend à pertePour information, ce dispositif est actuellement expérimenté dans 87 agences France Travail, situées dans les régions Pays de la Loire et Centre-Val de Loire. Le déploiement national de cette IA de présélection des candidats est prévu dès l’hiver prochain, comme l’a confirmé France Travail lors de sa dernière conférence de presse, le 5 juin 2025.
Les premiers résultats sont jugés prometteurs : le temps médian de réponse au premier SMS est de 19 minutes, et 50 % des mises en relation ont lieu dans les 24 heures.
Selon l’organisme public, 90 % des candidats finalisent leur parcours de préqualification en moins de cinq heures, et près d’un tiers des offres aboutissent à un contact avec un recruteur.
Une IA perçue comme déshumanisante par certains agents
Cependant, les délégués syndicaux ont fait part, de leur côté, d’un retour d’expérience plutôt mitigé. « Il n’y a ni emballement, ni rejet total », indique Natalia Jourdain, déléguée syndicale centrale Force Ouvrière chez France Travail.
Elle précise : « Certains sont convaincus. D’autres estiment que le paramétrage de l’outil prend parfois plus de temps que d’envoyer directement un e-mail. D’autres [encore] regrettent de ne plus être autant au contact des demandeurs d’emploi qu’auparavant. »
À voirComment récupérer des centaines d’euros de taxe foncière grâce à ce mécanisme peu connuSi Loïc Barboux, délégué syndical Force Ouvrière en Centre-Val de Loire, reconnaît que MatchFT peut parfois sélectionner de bons candidats, il craint que cette « interface assez impersonnelle » ne finisse par créer, au fil du temps, une « forme de déshumanisation ».
Et d’ajouter : « A priori, l’usage de se fait sur la base du volontariat, mais il y a une douce pression pour nous inciter à l’utiliser. Les agents sont sollicités régulièrement à ce sujet ».
Un programme pour former les demandeurs d’emploi à l’intelligence artificielle
Parallèlement, pour accompagner les demandeurs d’emploi dans l’usage de l’intelligence artificielle, France Travail a lancé un programme de formation en ligne en partenariat avec Kokoroé et Microsoft.
Intitulé « Le calendrier de l’IA », ce parcours propose 31 modules courts, allant de 5 à 30 minutes chacun, à suivre sur un mois.
Il vise à apprendre aux utilisateurs à tirer parti de l’IA dans leur recherche d’emploi, notamment pour créer un CV ou rédiger une lettre de motivation. L’objectif affiché est ambitieux : former 300 000 personnes d’ici fin 2025.
QualifFT : un assistant vocal pour guider les chercheurs d’emploi
France Travail développe également QualifFT, un outil vocal pensé pour simplifier les échanges avec les demandeurs d’emploi.
À voirLe gouvernement serre la vis sur les crédits à la consommation, une nouvelle loi en préparationGrâce à une interface audio intuitive, ces derniers peuvent affiner leur projet professionnel — en précisant leurs aspirations, les métiers visés ou les formations envisagées — et mettre à jour leur situation ou leurs démarches en cours.
Expérimenté depuis juin 2025 sur la plateforme « Mes événements emploi », cet assistant permet d’identifier des événements personnalisés à travers une interaction guidée. Par ailleurs, une application mobile dédiée aux jeunes, attendue d’ici fin juin, offrira une expérience similaire.
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