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Le télétravail, longtemps considéré comme un acquis dans de nombreuses entreprises, est aujourd’hui remis en question. Le groupe Stellantis vient d’annoncer une réforme de sa politique RH qui va bouleverser l’organisation du travail de 8 500 salariés français. À partir de juin 2025, ces derniers seront contraints d’effectuer au moins deux à trois jours en présentiel par semaine. Une décision qui ne fait pas des heureux !
De 15 jours de télétravail à une présence accrue sur site motivé par la culture d’entreprise
Adopté massivement par les entreprises en post-Covid, le télétravail semble aujourd’hui atteindre ses limites chez certains grands groupes. C’est notamment le cas de Stellantis.
« Le télétravail nous a facilité les choses à la sortie du Covid, quand il a fallu construire un groupe très international avec des collègues dans différents pays. Mais son usage intensif a également des limites, pour l’intégration des nouveaux arrivants, pour la culture d’entreprise ou le sentiment d’appartenance, souligne un porte-parole de Stellantis France. L’idée, justifie-t-il, c’est de privilégier désormais le travail hybride pour stimuler la collaboration et l’innovation ».
Selon Stellantis, ce revirement vise à « augmenter les temps d’échange en présentiel et renforcer l‘animation managériale ».
À voirRetraite : 2 millions de pensionnés dans le viseur de la Cour des comptes, qui est concerné ?Le constructeur automobile, qui avait mis en place une politique généreuse de travail à distance depuis 2019, vient d’annoncer un retour progressif au bureau pour 8 500 salariés français. Une nouvelle qui a de quoi provoquer de vives réactions syndicales et sociales.
Jusqu’à présent, les salariés de Stellantis en France pouvaient bénéficier de jusqu’à 15 jours de télétravail par mois, un dispositif hérité de l’époque Carlos Tavares, alors favorable à un modèle très flexible.
Cette approche permettait un équilibre entre vie professionnelle et personnelle, tout « en réduisant les temps de transport et l’empreinte carbone », relaie le journal Les Echos.
La CFDT regrette le « manque de concertation »
Mais avec l’arrivée de John Elkann, le nouveau dirigeant intérimaire, Stellantis change de cap. Dès juin 2025, un retour au bureau sera imposé à raison de deux jours par semaine, avant un passage à trois jours hebdomadaires, sans calendrier définitif pour cette seconde étape.
« Quinze jours de télétravail, cela fonctionne bien dans un groupe très international comme le nôtre. À quoi ça sert de venir au bureau pour faire des visios si son chef et ses collègues sont dans un autre pays ? », se demande Sébastien Sidoli, secrétaire de la section CFDT PSA de Vélizy.
À voirRetraite progressive à 60 ans : nouveautés dès le 1er septembre 2025, qui peut en bénéficier et comment ?Le syndicaliste déplore un « manque de concertation » préalable avec la direction. « Certains auraient préféré le savoir avant la fin du plan de mobilité externe, en novembre dernier », révèle-t-il auprès des Échos.
Une décision qui provoque des tensions sociales
Pour la CFE-CGC, la mesure crée de l’inquiétude chez les salariés en colère, notamment ceux ayant déménagé loin des sites de travail, pensant bénéficier durablement du télétravail. FO, de son côté, réclame un report de la phase transitoire à septembre, afin de laisser aux collaborateurs le temps de s’organiser.
Les craintes portent aussi sur les infrastructures. Le retour massif sur site pourrait engendrer des tensions sociales en entreprise, surtout autour des conditions de travail, des parkings, des cantines et des espaces disponibles.
« La direction procède par étapes, car elle ne semble pas certaine d’avoir suffisamment d’espace dans les bureaux pour accueillir tout le monde », confirme Laurent Oechsel, le délégué central CFE-CGC. La réouverture de certains bâtiments est envisagé.
Le Campus vert de Poissy, symbole du changement
Le Campus vert de Poissy, récemment inauguré, incarne cette nouvelle phase. Regroupant plusieurs milliers de salariés dans des bâtiments modernes et écoresponsables, il sera l’un des principaux lieux d’accueil pour ceux qui devront revenir sur site.
À voirVers une suppression du chèque énergie ? L’UFC-Que Choisir s’inquiète de l’avenir de cette aide aux foyers modestesChez Stellantis, la page du 80 % télétravail paraît bel et bien tournée. La mise en œuvre de ce changement des conditions de travail devra toutefois être accompagnée avec prudence, pour éviter une crise sociale et préserver la motivation des équipes.