Sécurité sociale en crise : bientôt des soins remboursés à la carte selon votre revenu ?

Fin des remboursements universels ? Ce que la Cour des comptes propose pour sauver la Sécu.

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La Sécurité sociale française est à un tournant. Face au fameux «trou de la Sécu», la Cour des comptes propose de moduler les remboursements de soins en fonction des revenus. Un modèle, déjà appliqué en Allemagne, qui fait polémique !

Cette proposition choc pour combler le déficit de la Sécu

La France pourrait-elle bientôt dire adieu au principe d’égalité devant la santé ? C’est du moins l’une des pistes suggérées par la Cour des comptes dans sa note de synthèse sur le déficit chronique de la Sécurité sociale.

«Chacun contribue ainsi à ses frais de santé, à proportion de ses revenus, dans la limite d’un plafond au-delà duquel les frais sont pris en charge à 100% par lassurance maladie», précise le rapport de l’institution. En Outre-Rhin, les Allemands à revenus très modestes peuvent être pris en charge «au premier euro», relaie un reportage de TF1.

Les Sages de la rue Cambon entendent ainsi limiter l’envolée des dépenses de santé. Comme alerté par la Cour des comptes, « notre système de protection sociale a atteint un point de bascule».

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Les dépenses de l’Assurance maladie ont, rappelons-le, bondi depuis 2019 (+4,8 % en moyenne par an), loin devant les chiffres fixés par Bruxelles (+2,9 % jusqu’en 2028). Pour tenir cet objectif, il faudrait près de 20 milliards d’euros. « Remettre en cause cette prise en charge» est aujourd’hui une nécessité.

Le « bouclier sanitaire » : plus vous gagnez, plus vous payez

D’où cette idée de réduire les remboursements de certains soins pour les assurés aux revenus les plus élevés pour mieux cibler l’effort collectif en fonction des moyens de chacun, sans toutefois toucher à la prise en charge des pathologies graves, assure Pascal Perri, éditorialiste économie de LCI.

La logique serait simple : les soins dits « de confort » (c’est-à-dire « non essentiels« ) seraient remboursés au prorata du revenu. Autrement dit, un salarié à haut revenu verrait une partie moindre de ses frais de santé remboursée, tandis qu’un travailleur précaire conserverait une prise en charge à 100%.

Ce modèle, baptisé « bouclier sanitaire », est déjà en place en Allemagne. Là-bas, un assuré qui touche 25 000 euros par an, paie ses soins jusqu’à atteindre 2 % de ses revenus annuels, soit 500 euros. Au-delà, la Sécurité sociale prend le relais, illustre tf1info.

Une piste déjà impopulaire…

« Je ne vois pas comment on va faire au quotidien. Ça va être un motif de beaucoup de frustration chez les gens, estime Matthieu Saulnier, pharmacien à Nanterre. Et puis c’est encore de l’administratif. Enfin, on veut simplifier et on complexifie », réagit le professionnel.

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Pour l’instant, c’est une prise en charge selon les besoins, et non selon les moyens qui prévaut en France. Va-t-on vers la disparition de la protection universelle ? Cela risque de porter un coup à la cohésion nationale, selon Soazig Kemener, éditorialiste politique.

François Clemenceau, éditorialiste international, n’a pas manqué de souligner que « les dépenses de santé ont été multipliées par deux en Allemagne, depuis qu’ils ont introduit cette réforme ».


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