Informatique : les femmes toujours moins bien payées et promues dès le début de carrière en France

Trois ans après leur entrée sur le marché du travail, les femmes informaticiennes n’échappent pas toujours aux inégalités de salaire et de statut, selon une nouvelle étude.

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Malgré leur présence historique dans le secteur, les femmes continuent de faire face à de fortes inégalités dans les métiers de l’informatique. Si elles représentaient jusqu’à 50 % des programmeurs dans les années 1960, leur accès aux postes à responsabilités reste limité, et les écarts de salaires avec leurs homologues masculins persistent dès les débuts de carrière, notamment en France. Une réalité confirmée par une nouvelle enquête réalisée par Centre d’études de l’emploi et du travail.

Informatique : un secteur de plus en plus masculin

À partir des années 1980, alors que le prestige des métiers de l’informatique gagnait en popularité, le secteur s’est fortement masculinisé. Les hommes y sont devenus majoritaires, tandis que les discriminations se renforçaient.

Une tendance qui n’est pas près de changer, selon les enquêtes du Centre d’études de l’emploi et du travail, dirigées par Marion Flécher, maîtresse de conférences en sociologie à l’université Paris Nanterre.

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Rattaché au Conservatoire national des arts et métiers, le Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET) a analysé le parcours professionnel des personnes ayant débuté une carrière dans l’informatique en 2010, 2013 et 2017.

Trois ans après leur entrée sur le marché du travail, les résultats de l’étude révèlent des écarts significatifs et sans équivoque des inégalités de genre dans le numérique.

Métiers de l’informatique : des femmes diplômées, mais moins souvent promues cadres

Les femmes dans l’informatique sont pourtant proportionnellement plus nombreuses à avoir obtenu leur baccalauréat avec mention, ainsi qu’un diplôme de niveau master ou une formation d’ingénieure.

Mais trois ans après leur entrée dans le secteur informatique, seules 49 % d’entre elles accèdent à un poste de cadre, contre 54 % chez leurs homologues masculins. Et plus le niveau de formation s’élève, plus l’écart de statut se creuse.

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« Parmi les diplômés en informatique de niveau bac +5 ou plus, 75 % des femmes accèdent à un poste de cadre trois ans après leur sortie du système scolaire, contre 88 % des hommes », souligne l’autrice de l’étude.

Inégalités salariales entre homme et femme dès les premières années de carrière

En matière salariale, l’étude met aussi en lumière un écart non négligeable, bien qu’il soit moins marqué que dans d’autres secteurs d’activités.

À profil équivalent, les femmes exerçant dans l’informatique perçoivent en moyenne 100 euros de moins par mois que les hommes, et ce, dès leur troisième année de vie active.

« C’est d’autant plus inexplicable, explique la sociologue Marion Flécher, qu’en tout début de vie professionnelle, les inégalités salariales chez les femmes ne sont pas encore creusées par la maternité et les interruptions de carrière. »

Femmes diplômées en informatique : une réorientation fréquente, souvent pénalisante

Autre constat révélateur : 55 % des femmes diplômées en informatique exercent un emploi sans lien direct avec leur formation, soit 10 points de plus que leurs homologues masculins.

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Parmi celles qui se réorientent, 9 sur 10 quittent véritablement le secteur, souvent au détriment de leur stabilité professionnelle et de leur rémunération, qui chute de manière significative. Une réalité qui ne joue pas en faveur de l’emploi des femmes dans la tech.

« Les données de l’enquête Génération ne permettent pas d’identifier les déterminants » de cette reconversion professionnelle dans le numérique, affirme la spécialiste.

Mais en général, « l’effet dissuasif de l’entre-soi masculin qui caractérise les formations et les métiers de l’informatique, dans lesquels les blagues à connotation sexuelle et les propos sexistes, comme soulignent de nombreuses études réalisées sur le sujet rappelle Marion Flécher, contribuent à instaurer un climat délétère pour les femmes, susceptible d’expliquer leur défection ».

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Cette situation illustre une forme de discrimination professionnelle persistante dans un secteur pourtant crucial comme celui du numérique. »Le procès impliquant les dirigeants d’Ubisoft, le leader français du jeu vidéo, en une parfaite illustration.


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