Afficher les titres Masquer les titres
Femmes seniors au chômage : elles subissent une double discrimination liée à l’âge et au genre — les grandes oubliées des politiques d’emploi, selon le dernier rapport du Défenseur des droits.
Chômage des femmes seniors : pourquoi subissent-elles une double peine de l’âge et du genre sur le marché du travail ?
En France, les femmes seniors font face à un véritable parcours du combattant pour conserver ou retrouver un emploi. Entre préjugés liés à l’âge et inégalités de genre persistantes, elles subissent une double peine particulièrement injuste. Le chômage des femmes de plus de 50 ans est marqué par une discrimination systémique, souvent silencieuse, mais bien réelle.
Discrimination à l’âge : un vrai obstacle
Selon le baromètre 2024 du Défenseur des droits, près d’un quart (25 %) des personnes de plus de 55 ans affirment avoir été discriminées en raison de leur âge dans leur vie professionnelle.
Chez les femmes seniors, ce chiffre atteint jusqu’à 26 %. En parallèle, 66 % des seniors s’autocensurent dans leur recherche d’emploi, redoutant le rejet ou postulant à des postes bien en dessous de leurs qualifications. Résultat : elles deviennent invisibles sur le marché du travail.
Une image dévalorisée avec l’âge
Alors que les hommes gagnent souvent en crédibilité en vieillissant, les femmes, elles, voient la leur diminuer. Comme l’explique l’experte Lucy Ryan dans son ouvrage Revolting Women, les femmes « perdent un peu plus de crédibilité à chaque nouvelle ride ».
À voirRetraite progressive à 60 ans : nouveautés dès le 1er septembre 2025, qui peut en bénéficier et comment ?Ces femmes seniors au chômage sont jugées moins dynamiques, moins adaptables aux outils numériques et trop coûteuses en raison de leur ancienneté. Des stéréotypes qui impactent directement sur leur employabilité.
Des carrières freinées par les responsabilités familiales
Les femmes seniors sont souvent celles qui ont mis leur carrière entre parenthèses pour élever des enfants ou aider des proches dépendants. Ces interruptions pèsent lourd dans leur parcours professionnel.
Lorsqu’elles cherchent à réintégrer le marché du travail, elles se heurtent à un plafond de verre renforcé par l’âge. Nombreuses sont celles qui sont placardisées, poussées vers le temps partiel ou écartées des postes à responsabilité.
Des postes déclassés malgré l’expérience
Même lorsqu’elles parviennent à retrouver un emploi, les femmes seniors sont généralement reléguées à des postes en-dessous de leurs compétences. Cette perte de reconnaissance contribue à une dévalorisation personnelle et à une précarité économique accrue.
La situation est d’autant plus stupéfiante que l’allongement de la durée de cotisation pour la retraite les contraint à travailler plus longtemps… sans qu’on leur en donne réellement l’opportunité.
Un changement de regard indispensable
Longtemps invisibilisée, la cause des femmes seniors commence à gagner du terrain dans le débat public. De plus en plus prennent la parole dans les médias, les réseaux sociaux ou à travers des ouvrages.
À voirVers une suppression du chèque énergie ? L’UFC-Que Choisir s’inquiète de l’avenir de cette aide aux foyers modestesMais les entreprises doivent aussi évoluer. Promouvoir une véritable politique d’inclusion intergénérationnelle et égalitaire, qui tienne compte de la richesse d’expérience des femmes de plus de 50 ans est une véritable nécessité.
Sur le marché de l’emploi, les femmes seniors paient à la fois le prix de leur âge et de leur genre. Tant que ces discriminations croisées ne seront pas pleinement reconnues et combattues, elles resteront les grandes oubliées du monde professionnel.