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Le gouvernement envisage de supprimer un avantage fiscal majeur dont bénéficient les retraités depuis plus de 45 ans : l’abattement fiscal de 10% sur leurs revenus. Cette mesure pourrait entraîner des hausses d’impôt pour de nombreux retraités, en particulier ceux dont les revenus dépassent certains seuils. Le ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a récemment évoqué cette possibilité dans le cadre du Budget 2026, alors que l’État cherche à réaliser des économies pour équilibrer ses finances publiques.
L’abattement fiscal des retraités : un avantage vieux de 45 ans
Introduit en 1978 sous Valéry Giscard d’Estaing, cet abattement de 10% visait à égaliser les conditions fiscales entre les retraités et les actifs. Les travailleurs bénéficient déjà d’une déduction similaire pour frais professionnels, mais les retraités n’ont pas cette possibilité une fois qu’ils cessent de travailler.
L’objectif initial était donc de ne pas pénaliser fiscalement les retraités qui n’ont plus d’activité professionnelle pour justifier une déduction de leurs revenus.
À voirLe gouvernement serre la vis sur les crédits à la consommation, une nouvelle loi en préparationL’abattement actuel est plafonné à 4 399 euros par foyer et s’applique non seulement aux pensions de retraite, mais aussi aux pensions alimentaires et d’invalidité. Cette mesure profite aux retraités qui sont imposables, soit environ 14,96 millions de personnes, mais n’affecte pas ceux qui ne sont pas concernés par l’impôt sur le revenu en raison de leurs faibles revenus.
Conséquences pour les retraités
La suppression de cet avantage fiscal aurait un impact direct sur l’imposition des retraités, notamment ceux qui se situent à proximité des seuils de non-imposition.
Le retraité percevant un revenu juste au-dessus de 1 500 euros par mois pourrait être contraint de payer de l’impôt sur le revenu pour la première fois, ce qui pourrait concerner environ 500 000 retraités supplémentaires, selon certaines estimations.
Cette situation touche surtout les foyers les plus modestes, qui n’avaient jusqu’à présent pas à s’acquitter de cet impôt, prévient l’économiste Pierre Madec de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dans une note dédiée.
À voirTaxe foncière : « pourquoi je n’ai rien reçu alors que mes voisins ont déjà leur avis 2025 ? »Toutefois, cette mesure viserait davantage les retraités aux revenus plus élevés, avec une augmentation potentielle des impôts de l’ordre de 850 euros par an pour les 5% de ménages les plus riches.
Une mesure justifiée par la recherche d’économies ?
Supprimer cet abattement rapporterait environ 4 à 5 milliards d’euros à l’État, selon les estimations de la Cour des comptes. Une piste plutôt intéressante quand on sait que le gouvernement cherche à économiser 40 milliards d’euros pour le Budget 2026.
Cependant, l’impact sur le pouvoir d’achat des retraités est un sujet de débat intense. Pour certains économistes, y mettre fin permettrait de rationaliser un avantage fiscal qui n’a plus de justification dans le contexte actuel, tandis que d’autres estiment que cela pénaliserait les plus vulnérables, qui voient déjà leur pouvoir d’achat malmené par l’inflation et les hausses des prix.
Un choix délicat pour le gouvernement
C’est un vrai dilemme pour le gouvernement Bayrou. Une question essentielle reste à trancher : le gouvernement réussira-t-il à concilier rigueur budgétaire et équité fiscale pour ses citoyens les plus âgés ?