Dématérialisation des titres de séjour : les étrangers en France dénoncent « trois ans » de cauchemar administratif

ANEF 2025 : les bugs de la plateforme de titre de séjour plongent les étrangers dans la précarité.

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Depuis sa mise en place en 2021, la plateforme ANEF devait simplifier les démarches pour obtenir un titre de séjour. Mais pour de nombreux étrangers, c’est plutôt un enfer. Bugs informatiques, dossiers bloqués, absence de réponse des préfectures : les témoignages se multiplient et dénoncent une maltraitance administrative qui dure depuis trois ans. Derrière cette dématérialisation, ce sont des vies mises en suspens et des situations de grande précarité qui se jouent.

Une tribune choc : l’ANEF accusée de créer de la précarité

Depuis 2021, la France a mis en place une dématérialisation progressive des démarches administratives pour les étrangers via la plateforme ANEF (Administration numérique pour les étrangers en France). Cette réforme visait à faciliter les demandes de titre de séjour en ligne.

Mais en 2025, la réalité est toute autre : des bugs massifs, des délais ingérables et une précarité croissante frappent des milliers d’usagers. Début avril 2025, plusieurs organisations, dont Emmaüs, ont publié une tribune dénonçant les « dysfonctionnements kafkaïens » de l’outil numérique.

Qualifiée « d’outil à fabriquer de la précarité », la plateforme est pointée du doigt pour ses bugs répétés empêchant des démarches aussi essentielles que le renouvellement d’un titre de séjour, l’accès à la Sécurité sociale ou au marché du travail. La Défenseure des droits, Claire Hédon, alertait dès décembre 2024 sur des « atteintes graves aux droits des usagers ».

Témoignages accablants : délais, blocages et vies suspendues

Sur le terrain, la situation est dramatique. À l’ANTS de Charleville-Mézières, l’un des téléconseillers déplore :

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« Il n’y a plus de contact direct depuis la dématérialisation ».  Parmi les 200 mails qu’il indique gérer quotidiennement, près de la moitié porte sur des bugs non résolus.

Des témoignages relayés par France 3 évoquent des délais de traitement de six mois, simplement pour changer une adresse. Résultat : de nombreuses personnes perdent leur droit de travailler légalement ou de rester en règle avec leur titre de séjour.

Exclusion numérique et détresse psychologique

Face aux blocages administratifs, certains usagers sombrent dans le désespoir. Des cas de menaces de suicide ont été rapportés, poussant les autorités à créer une procédure spéciale : « Usager en difficulté ».

Les conséquences sont lourdes : les travailleurs étrangers empêchés d’exercer malgré des titres en règle. Rappelons qu’en France, « Il faut impérativement un titre de séjour valide pour exercer une activité salariée en France. »

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Du côté des étudiants étrangers, ils sont aussi menacés de rater leur année « s’ils n’ont pas leur attestation de prolongation ». Des familles entières se voient également priver de protection sociale.

Des conséquences économiques pour des secteurs en tension

Les secteurs en tension comme l’agriculture, le BTP ou la restauration, très dépendants de la main-d’œuvre immigrée, paient, eux aussi, le prix de ces défaillances. En rendant les titres de séjour inaccessibles, la plateforme ANEF prive les entreprises de travailleurs indispensables.

Certains observateurs, comme Médiapart, estiment que cette complexité n’est pas seulement technique mais aussi politique.


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