Savon, dentifrice, lessive… ces produits d’hygiène que les Français n’achètent plus pour boucler le mois

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Crise du pouvoir d’achat oblige, les produits d’hygiène deviennent un luxe pour des millions de Français. De plus en plus de Français réduisent leurs dépenses au rayon hygiène-beauté, révèle une enquête Ifop. Savons, shampoings, serviettes, lessive, dentifrice… Ces produits de base que les Français sacrifient pour finir le mois.

Voici ces produits d’hygiène que les Français n’achètent plus pour boucler le mois

Une précarité hygiénique invisible, mais bien réelle. Par manque de moyens, beaucoup n’osent plus s’offrir les produits d’hygiène. 47 % des Français admettent aujourd’hui réduire leurs achats de savons, dentifrices, lessives et protections féminines pour épargner quelques euros, contre 34 % l’an dernier, selon un sondage Ifop pour l’association Dons Solidaires.

Une situation plutôt contradictoire quand on sait que « l’inflation est désormais plus modérée« , glisse-t-on dans les colonnes du Parisien.

« La précarité hygiénique s’installe à un niveau critique et de manière durable, observe Dominique Besançon, déléguée générale de Dons Solidaires, qui redistribue régulièrement savons, dentifrices et protections dans 1 200 structures partenaires. Et ce, malgré le ralentissement de l’inflation, confirme-t-il. Les personnes particulièrement fragilisées sont amenées à faire des arbitrages entre se nourrir, se laver, se chauffer ».

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Selon le Baromètre Hygiène & Précarité 2024, Dons Solidaires / Ifop, menée en novembre 2024 auprès de 4 000 personnes, 8 % ont renoncé au gel douche, 12 % au déodorant, 9 % à la lessive, 9 % brossent parfois leurs dents sans dentifrice« . Sans compter les couches, du savon ou autres produits d’entretien.

Jusqu’à « 3 millions de femmes manquent régulièrement de tampons ou de serviettes hygiéniques », révèle l’enquête en question. Les moins de 35 ans sont les plus touchés par ces restrictions. « Il s’agit des étudiants, mais aussi de jeunes actifs qui, malgré un travail, n’arrivent plus à joindre les deux bouts », nous apprend Dominique Besançon.

Stratégies de survie et substituts risqués

Pour limiter la facture, « les 16 % de femmes victimes de précarité menstruelle sont amenées à utiliser une protection de fortune : des mouchoirs, des tissus, du papier toilette… », ajoute Dominique Besançon. C’est le cas de Sarah, dont le cas a été rapporté dans Le Parisien.

Cette auxiliaire de vie dans une crèche francilienne rémunérée à 1 250 euros nets par mois utilise des « serviettes en tissu coupées en carrés et lavées chaque mois à l’eau de javel » à la place des serviettes hygiéniques « normales ».

« J’économisais sur tout, raconte cette habitante de Cormeilles-en-Parisis (Val-d’Oise), quand il restait un peu de shampoing, je mettais de l’eau dedans pour en faire du savon ».

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Des pratiques de survie qui, si elles permettent de tenir financièrement, exposent à des problèmes de santé : irritations cutanées, infections, etc. Chez les enfants de bas âge, la réduction du nombre de changes de couches augmente les risques d’érythème fessier.

Conséquences sociales et psychologiques

Ce renoncement a un prix. Ce n’est pas sans conséquence psychologique. « Quand ces femmes y renoncent, elles le vivent souvent comme un déclassement » social, précise encore Dominique Besançon, particulièrement lorsqu’il s’agit de produits cosmétiques.

31 % des personnes concernées évitent même de sortir de chez elles. 15 % déclarent préférer manquer le travail plutôt que paraître mal entretenu

« Il faut reconnaître et traiter la précarité hygiénique comme une urgence de santé publique », insiste Dominique Besançon. « Le fait d’éviter de sortir, de fuir les interactions sociales chez des femmes en effet qui ne peuvent plus offrir ou se payer des produits cosmétiques, de la coloration pour les cheveux, ce sont des produits qui évidemment portent atteinte à leur dignité », note la déléguée générale de l’association Dons Solidaires.

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« Et par rapport à 2019, le nombre de Français (22 %, soit 11 millions) qui limitent leur consommation de papier toilette a été multiplié par trois », chiffre Dominique Besançon. En outre, 1/4 des parents d’enfants de moins de 3 ans admettent ne pas changer les couches aussi souvent qu’ils le souhaiteraient.


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