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Si la Commission européenne n’a pas encore acté la suppression des pièces de 1 et 2 centimes d’euros, la France semble déjà s’y préparer en coulisses. Une décision qui pourrait avoir de multiples répercussions, aussi bien pour les consommateurs que pour les salariés de la Monnaie de Paris.
Vers la fin programmée des petites pièces rouges
Alors que certains pays comme les Pays-Bas, la Finlande ou encore la Belgique ont déjà supprimé ces petites pièces de leur système monétaire, la France pourrait bientôt suivre le mouvement. La production de ces pièces, jugées coûteuses, encombrantes et peu utilisées, est en forte baisse.
D’après la CGT, la Monnaie de Paris prévoit une diminution de 40 % de la fabrication des pièces de 1, 2 et 5 centimes d’ici 2027, ce qui signifierait leur « disparition pure et simple ».
Des conséquences sociales immédiates
À Pessac (Gironde), où sont frappées ces pièces, l’arrêt de leur production conduira nul doute à une perte d’emplois. Environ 25 postes seraient concernés.
À voirImmobilier : cette astuce d’assurance vie qui permet d’acheter un bien sans emprunter« Les pièces de 1 et 2 centimes représentent 50 à 60 % du volume traité actuellement, si l’usine se retrouve amputée de ça, on se demande si on ne va pas se retrouver à externaliser le reste de la production », s’inquièteDavid Faillenet, délégué syndical UGICT-CGT à la Monnaie de Paris.
Un risque d’arrondis à la hausse pour les consommateurs
Du côté des consommateurs, c’est surtout l’éventualité d’un arrondi systématique des prix qui inquiète. En l’absence de ces petites pièces, les commerçants pourraient être tentés d’arrondir à l’euro supérieur.
« Si on supprime les 1 et 2 centimes d’euros, les commerçants vont évidemment avoir la tentation d’arrondir au-dessus », réagit Loïc Daguzan, président de l’Indecosa-CGT Paris. Ce n’est pas sans rappeler les propos d’Alain Bazot, président de l’UFC Que Choisir, qui mettait déjà en garde dès 2018 contre les effets d’une suppression forcée sur la perception des prix et la disparition progressive des paiements en espèces.
Selon l’économiste Philippe Crevel, ce risque est « minime« . Ce qui est confirmé par Morgan Reyrolle, directeur opérationnel de Coinstar France, société spécialisée dans la collecte et remise en circulation des pièces de monnaie. Selon lui, « Il y a eu très peu d’inflation » dans les pays ayant pris cette voie.
Une fausse bonne idée écologique ?
Côté environnemental, l’idée que ces pièces seraient trop polluantes à produire est également contesté. Les syndicats rappellent que ces pièces sont fabriquées à partir de matériaux peu énergivores, et que le véritable problème écologique se trouve ailleurs.
À voirLes primes d’assurance auto flambent : ce moyen peu connu peut vous faire économiser jusqu’à 400 €« Les pièces de 1 et 2 centimes d’euros sont fabriquées à partir d’un matériau ferreux et d’un léger alliage… pas très gourmand en énergie », souligne David Faillenet.
« Cette fuite en avant vers la dématérialisation des paiements prive les consommateurs français de la pluralité des modes de paiement… et dé-conscientise la valeur des achats », estimait Alain Bazot.
