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- 1. Pourquoi parle-t-on d’une suspension de la réforme des retraites ?
- 2. Que signifierait concrètement une suspension de la réforme ?
- 3. Quelles générations seraient concernées ?
- 4. Qu’en est-il du nombre de trimestres à valider ?
- 5. Quel serait le coût d’une suspension pour l’État ?
- 6. Et une abrogation totale, est-ce possible ?
« Dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger », estime Élisabeth Borne en personne. Rappelons que l’ancienne locataire de Matignon avait utilisé l’article 49-3 pour faire passer cette réforme controversée. Mais aujourd’hui, elle se dit ouverte à l’idée de revenir sur sa réforme des retraites « si c’est la condition de la stabilité du pays ». Que changerait une telle décision pour les Français, selon leur génération et leur situation ? On vous fait le point en 6 questions.
1. Pourquoi parle-t-on d’une suspension de la réforme des retraites ?
Pour Élisabeth Borne, « aucune démocratie, surtout quand un pays est à ce point fracturé, ne peut fonctionner si chacun ne fait pas l’effort d’écouter l’autre ».
L’ancienne Première ministre, à l’origine du texte adopté en 2023 grâce au 49.3, a surpris en déclarant être prête à « envisager une suspension » de la réforme « si c’est la condition de la stabilité du pays ».
À voirDPE : cette double bonne nouvelle pour janvier 2026Cette main tendue vise à apaiser la crise politique actuelle et à rouvrir le dialogue avec la gauche, notamment le Parti socialiste. Dans le même temps, Bercy a été chargé d’étudier l’impact financier d’une telle mesure.
2. Que signifierait concrètement une suspension de la réforme ?
Suspendre la réforme reviendrait à geler la hausse progressive de l’âge légal de départ à la retraite, actuellement en train de passer de 62 à 64 ans. Aujourd’hui, l’âge de départ effectif est de 62 ans et 9 mois pour les personnes nées en 1963.
Sans suspension, il atteindra 63 ans dès 2027 pour la génération née en 1964, puis 64 ans en 2032.
Si la suspension est actée, le gouvernement pourrait maintenir l’âge légal à 62 ans et 9 mois ou le fixer à 63 ans.
« On reste à 62 ans et 9 mois et les choix futurs sont renvoyés après la présidentielle », indique Yvan Ricordeau, négociateur de la CFDT, ajoutant qu’environ 600 000 personnes pourraient bénéficier de ce gel dès 2026.
3. Quelles générations seraient concernées ?
Selon les scénarios envisagés :
- Si le gel s’arrête à 62 ans et 9 mois, la génération 1964 serait la première à profiter du report, avec un départ possible dès octobre 2026.
- Si le seuil est fixé à 63 ans, la génération 1965 pourrait partir dès janvier 2028, au lieu d’avril 2028.
Ce report toucherait donc directement les actifs nés entre 1964 et 1965, mais aurait aussi un effet d’entraînement pour les cohortes suivantes.
4. Qu’en est-il du nombre de trimestres à valider ?
La réforme de 2023 ne concernait pas seulement l’âge de départ, mais aussi la durée de cotisation. Elle devait accélérer le passage à 43 années de cotisation (soit 172 trimestres).
À voirAttention, la vitesse change sur l’autoroute A7 : voici les nouveaux seuils à respecterSi la suspension inclut ce volet, on resterait à 170 trimestres, comme prévu avant la réforme Touraine. Cela avantagerait surtout les générations proches de la retraite, qui pourraient partir plus tôt sans devoir travailler un trimestre supplémentaire.
5. Quel serait le coût d’une suspension pour l’État ?
Les estimations varient. Selon la CFDT, le gel du relèvement de l’âge légal coûterait 500 millions d’euros dès 2026. La perte atteindrait plusieurs milliards en 2027, selon les chiffres avancés par le ministre de l’Économie démissionnaire, Roland Lescure.
La Cour des comptes, de son côté, évalue le coût total à près de 13 milliards d’euros d’ici 2035, en tenant compte de la baisse des cotisations et de la dégradation du solde global des retraites.
6. Et une abrogation totale, est-ce possible ?
Certains partis comme LFI ou la CGT vont plus loin et réclament une abrogation pure et simple de la réforme. Mais cela s’avère beaucoup plus complexe, car les générations 1961, 1962 et 1963 ont déjà subi les effets du texte. Une suspension serait donc un compromis temporaire, sans revenir totalement sur la loi.