Expulsion des squatteurs : cette méthode radicale séduit les propriétaires qui se sentent abandonnés par l’État

Les contraintes imposées par la législation sur les expulsions incitent certains à solliciter des prestataires privés pour récupérer leur bien.

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Face à la montée des occupations illégales de logements et à des procédures d’expulsion qui peuvent prendre plusieurs mois, voire des années, certains propriétaires se tournent vers des méthodes plus radicales. Contrairement aux solutions musclées classiques prises individuellement, ces interventions, engagées par des sociétés privées, offrent des résultats rapides et efficaces : moins d’un mois suffit parfois pour récupérer un bien occupé par des squatteurs.

Une méthode musclée pour déloger les squatteurs, sans passer par la case justice

C’est le cas en Espagne. Depuis mai 2023, le gouvernement espagnol a rendu les conditions d’expulsion des squatteurs plus strictes qu’auparavant.

En obligeant les propriétaires des maisons squattées à porter systématiquement l’affaire devant les autorités, sous peine de lourdes sanctions, la justice met environ un an à un an et demi avant de rendre sa décision.

Une situation qui a ouvert la voie à une alternative de plus en plus adoptée par de nombreux propriétaires se sentant abandonnés par l’État : la justice privée.

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À Madrid, une équipe aux méthodes peu conventionnelles fait parler d’elle. Leur mission : faire partir les squatteurs sans attendre l’intervention d’un tribunal.

Franceinfo.fr a pu suivre cette unité bien particulière, dont les actions filmées font le tour des réseaux sociaux. Dans ces vidéos, on aperçoit des hommes vêtus de noir démonter des serrures, couper l’électricité, et exercer une pression constante sur les occupants.

Loin des expulsions administratives classiques encadrées par la loi, ces opérations reposent sur une stratégie de pression psychologique intense, soigneusement orchestrée. Quitte à frôler les limites de la légalité, l’objectif reste le même : libérer les lieux dans le plus bref délai possible.

Derrière cette unité n’est autre que Fuera Okupas, une entreprise espagnole se présentant comme un service de « médiation ». En théorie, elle agit comme intermédiaire entre propriétaires lésés et squatteurs.

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En pratique, ses interventions s’apparentent à de véritables opérations commando : la seule différence, c’est la présence d’un avocat ainsi qu’un signalement envoyé à la police avant chaque intervention.

Un autre fait à signaler : si l’entreprise fait en sorte de filmer toute la descente de ses commandos anti-squatteurs, et de la diffuser sur les réseaux sociaux… les scènes sont parfois scénarisées pour maximiser l’impact médiatique.

Communication virale et fascination en ligne

Le style est assumé : écussons sur les blousons, mise en scène façon série policière, et vidéos virales sur TikTok ou Instagram. En trois semaines en moyenne, Fuera Okupas revendique des résultats là où la justice espagnole, comme nous l’avons évoqué plus haut, met souvent plus d’un an.

Un délai express qui séduit de plus en plus de propriétaires en quête de solutions rapides, en particulier dans les quartiers populaires de Madrid, où la société affiche une forte activité.

Ce marketing bien rodé, combiné à un sentiment d’abandon face à l’inefficacité des voies légales, participe à leur succès grandissant.

 Expulsions des squatteurs sans jugement : une justice parallèle qui divise

Mais cette montée en puissance ne va pas sans controverse. Juristes et associations de défense du droit au logement s’alarment de voir se développer ce type d’expulsions privées.

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Démontage de portes, logements laissés ouverts, coupures de services essentiels, visites quotidiennes pour intimider les occupants… Autant de pratiques qui flirtent avec le harcèlement et remettent en question certains principes juridiques et éthiques majeurs.

Bref, l’émergence de ces entreprises aux méthodes expéditives brouille les repères entre application du droit au logement et initiatives privées radicales.

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Si ce modèle espagnol controversé reste encore inexistant en France — sans parler des cas de certains propriétaires qui, perdant patience devant la lenteur administrative, se font justice eux-mêmes — la multiplication des occupations illégales de logement pourrait bien encourager la majorité à l’importer.


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