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En été, le soleil fait exploser la production d’électricité solaire. Résultat : sur le marché de gros, les prix chutent, parfois même en dessous de zéro. Au premier semestre 2025, la France a enregistré 368 heures de prix négatifs, un record. Mais alors, pourquoi cette abondance d’énergie ne se traduit-elle pas par une baisse de facture pour les particuliers ? Bonne question.
Des prix de gros négatifs, mais sans effet direct pour les ménages
Le marché SPOT, où l’électricité est achetée au jour le jour, connaît régulièrement ces situations. Elles surviennent lorsque l’offre (solaire et nucléaire en été) dépasse largement la demande.
« Grâce à une production solaire massive qui s’additionne à celle du parc nucléaire, face à une demande peu élevée. L’objectif est donc de favoriser le stockage et l’utilisation de l’énergie », explique Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet Omnegy.
Pourtant, les consommateurs ne voient pas leurs factures baisser. « S’agissant des consommateurs, les prix négatifs représentent en théorie un gain, mais celui-ci est susceptible d’être compensé par d’autres mécanismes si la rentabilité des installations de production n’est plus suffisante », rappelle la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
Le rôle de l’État et des taxes
Autre frein : les prix de l’électricité sont largement encadrés. « Les prix sont souvent garantis par l’État. Moins les producteurs d’électricité vendent cher sur le marché SPOT, plus l’État doit compenser, au détriment donc des contribuables », souligne Nicolas Leclerc.
À voirBanques : découvrez les 8 établissements qui ne font jamais payer les retraitsDe plus, la facture des particuliers comprend de nombreuses taxes et coûts fixes (acheminement, abonnements…), qui ne dépendent pas du marché de gros. Même avec des prix négatifs, ces charges pèsent lourd et empêchent une réelle baisse des factures.
Les tarifs réglementés insensibles aux prix SPOT
La majorité des Français sont encore au tarif réglementé, totalement déconnecté des fluctuations horaires du marché. « Les consommateurs sont très peu concernés par les prix à court terme. Par exemple, dans le tarif réglementé, il n’y a aucune composante du prix SPOT », rappelle Nicolas Leclerc.
Même les offres dites « indexées » suivent les cours de gros, mais sur une base mensuelle ou trimestrielle, et non heure par heure. Résultat : impossible de profiter directement des heures de prix négatifs.
Et ailleurs ?
Le phénomène n’est pas propre à la France. En Belgique par exemple, les prix négatifs pourraient atteindre 800 heures en 2025. « Ce sont des prix qui arrivent à certains moments de l’année, surtout le week-end quand il y a beaucoup de production solaire en été et très peu de consommation », explique Jonas Morman, conseiller énergie chez Ecoconso.
Là-bas, certains ménages équipés de batteries domestiques en profitent pour stocker l’énergie au bon moment et la réutiliser plus tard. Mais cela n’est pas sans coût.
Vers des offres plus adaptées ?
La bonne nouvelle, c’est que le système évolue. De nouvelles offres dites « dynamiques » ou « solaires » voient le jour. Certaines proposent des heures creuses en après-midi l’été, pour inciter les consommateurs à utiliser l’électricité au moment où elle est la plus abondante.
À voirImpôt : ce que votre séparation en fin d’année peut coûter à votre foyer fiscalD’autres, comme Octopus Energy, récompensent même les clients qui décalent leur consommation pendant les pics de production.
Selon toujours Nicolas Leclerc, « nous sommes dans une période de transition. Petit à petit la consommation sera ajustée, on consommera davantage pendant les heures avec une production solaire abondante ».