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En France, nombreux sont ceux qui sous-estiment ou surestiment leur situation financière. Quelle que soit leur tranche de revenus, les Français ont souvent une perception biaisée de leur statut social, au point de ne pas toujours réaliser qu’ils glissent progressivement vers la précarité. Cette méconnaissance peut masquer une réalité économique bien plus préoccupante.
« Suis-je riche, pauvre, ou quelque part entre les deux ? » Où commence vraiment la richesse en France ?
La question revient régulièrement dans les débats publics : à partir de quel revenu peut-on être considéré comme riche ? Si les réponses varient selon les sensibilités, c’est surtout parce que la notion même de richesse reste vague, presque insaisissable.
Pourtant, il existe un indicateur fiable pour objectiver les choses : le revenu médian. Selon les données de l’Observatoire des inégalités, une personne seule est jugée « aisée » à partir de 3 860 euros mensuels, un couple sans enfant au-delà de 5 790 euros.
Tout compte fait, « pas besoin de gagner 10 000 euros par mois (ce que font seulement 2 % des Français) pour entrer dans la catégorie des “riches” », rappellent les auteurs d’une étude menée par Money Radar.
Riche, pauvre… Pourquoi notre perception sociale est biaisée ?
Mais pourquoi cette confusion persiste-t-elle ? Est-il le résultat d’un appauvrissement silencieux ? Tout repose sur notre perception de nous-mêmes, souvent faussée par les comparaisons sociales.
À voirWero : du paiement entre amis aux achats en ligneL’étude de Money Radar tranche en effet sur le sujet : « Notre vision de notre statut social est souvent biaisée ». En réalité, les plus fortunés se considèrent généralement comme faisant partie de la classe moyenne, tandis que les moins favorisés tendent à surestimer leur position sur l’échelle sociale.
« Parmi les 20 % les plus aisés, seul un quart d’entre eux reconnaît sa richesse relative, tandis qu’un tiers des 30 % les plus modestes surestiment leur position dans l’échelle sociale », précise l’étude.
Par ailleurs, il est toujours plus facile de se comparer aux autres qu’à des statistiques abstraites. Résultat : on se jauge habituellement à l’aune de son entourage immédiat.
Là où les chercheurs se basent sur des chiffres objectifs, le grand public préfère se situer par rapport à son voisin ou à ses collègues.
À voirAide de la Caf pour acheter un lave-linge : qui peut vraiment en bénéficier ?Concrètement, si l’on vit dans un environnement où la consommation ostentatoire est la norme, on peut rapidement se sentir « pauvre »… même en disposant de revenus confortables. C’est ce que souligne d’ailleurs l’étude : « Les statistiques échouent à capturer une dimension essentielle : le sentiment de richesse ou de pauvreté ».
Chez les riches ou les pauvres… le sentiment de déclassement progresse
Selon le World Happiness Report, le bien-être économique ressenti dépend davantage du contexte social et géographique que du revenu pur.
Ainsi, un foyer gagnant 4 000 euros par mois à Paris peut se sentir « modeste » dans un quartier très aisé, alors qu’un ménage en province percevant 2 500 euros pourrait se considérer comme plutôt favorisé.
Cette distorsion entre les données économiques objectives et le ressenti personnel a un effet pernicieux : de nombreux Français se croient désavantagés, alors même qu’ils appartiennent à la classe moyenne.
Ce phénomène, que les sociologues appellent la « moyennisation du sentiment de pauvreté », reflète un malaise plus profond. Pour y voir plus clair, Money Radar propose ainsi un outil de calcul du niveau de vie, permettant à chacun de situer sa place dans la société française. Par exemple, un couple avec trois enfants touchant 4 500 euros par mois se trouve pile au centre de l’échelle sociale.
La classe moyenne, nouvelle zone de fragilité
Mais ce centre devient instable. « Cette érosion se traduit au quotidien pour des millions de Français, pris dans un étau financier qui ne cesse de se resserrer », alertent les auteurs.
À voir5 méthodes efficaces pour mieux gérer votre budget et épargner chaque moisCoincés entre des revenus trop élevés pour bénéficier des aides publiques et trop faibles pour épargner ou investir, les membres de la classe moyenne subissent une pression croissante.
« Ils souffrent d’une double peine : leurs revenus sont trop élevés pour bénéficier des aides sociales, mais trop faibles pour investir et développer leur patrimoine », confirme l’étude.
À voirImmobilier : ces cas où la hausse des frais de notaire ne s’applique pas aux acheteursEt vous, où vous situez-vous vraiment ? Seriez-vous en train de reculer sur l’échelle sociale… sans en avoir conscience ?