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Le 25 mai, Madagascar a signé un partenariat agricole avec l’entreprise israélienne LR Group, prévoyant 90 millions de dollars d’investissement dans la culture du riz, du maïs et du soja, répartis sur quatre régions. Présenté comme un levier pour moderniser l’agriculture locale et atteindre la souveraineté alimentaire, cet accord soulève néanmoins de fortes tensions. De nombreux Malgaches redoutent une nouvelle spoliation foncière et l’emprise d’intérêts étrangers sur les terres agricoles du pays.
Partenariat agricole entre Madagascar et Israël : le souvenir douloureux de l’affaire Daewoo ressurgit
L’annonce officielle du partenariat entre Madagascar et l’entreprise israélienne LR Group ravive de vieilles blessures, notamment le traumatisme d’un précédent retentissant, où tout le monde regrettait que les terres malgaches aient été cédées par leurs propres dirigeants à des étrangers.
En effet, au cours de l’année 2008, un projet agricole impliquant le géant sud-coréen Daewoo avait provoqué une vague d’indignation dans le pays.
À voirRetailleau cible les sans-papiers algériens en France : un dispositif vieux de 16 ans suppriméÀ l’époque, Marc Ravalomanana, alors président, avait été accusé de vouloir céder les terres appartenant aux paysans malgaches, non pas dans leur intérêt, mais au profit de multinationales étrangères.
Cette affaire, exploitée par son opposant d’alors, Andry Rajoelina – actuellement à la tête de l’État –, avait contribué à sa chute, le contraignant à quitter précipitamment le pouvoir avant la fin de son mandat, en 2009, et à se réfugier en Afrique du Sud.
Les inquiétudes des analystes face à un possible accaparement des terres
Pour l’un des analystes socio-économiques les plus écoutés du pays, Serge Zafimahova, les inquiétudes d’aujourd’hui font écho à celles de cette époque, révélant une défiance persistante autour des enjeux fonciers.
L’opinion publique s’interroge quand même sur cette histoire« , affirmait-il au micro de Pauline Le Troquier, correspondante de RFI à Madagascar.
À voirCe que coûtent les anciens Premiers ministres aux Français : Dominique de Villepin en tête des dépensesEt de poursuivre : « Ils se disent « Mais qu’est-ce que c’est que ce double discours? » Ils ne comprennent pas que ceux qui étaient contre le projet Daewoo soient pour le projet israélien aujourd’hui. Il faut avoir conscience que la population est pauvre et le seul capital qu’il leur reste, c’est la terre« . Et de préciser que « l’accès au foncier est vraiment un sujet très délicat » sur l’ensemble de la grande île.
Le flou autour du contrat avec LR Group alimente la méfiance de la population malgache
Sollicitée par de nombreux journalistes, notamment celui du média français, Tahian’Ny Avo Razanamahefa, la secrétaire d’État chargée de la souveraineté alimentaire n’a pas donné suite aux demandes d’information concernant les détails du contrat à venir avec la société israélienne.
« Il ne s’agit que d’un mémorandum d’entente, qui n’a aucune valeur juridique », déclarait le haut responsable étatique, avant d’ajouter : « Je tiens à rassurer la population, les terres resteront malgaches ».
Un manque de transparence, typique des politiques, qui dégrade l’image des investissements étrangers à Madagascar et augmente les risques de tensions géopolitiques en Afrique en général.
À voirFrançois Bayrou en jet privé pour un discours sur l’écologie : la pilule ne passe pasBref, ce protocole de partenariat agricole entre Madagascar et Israël, via l’entreprise LR Group, suscite la méfiance d’une partie de la population malgache, non seulement en raison des enjeux fonciers, mais aussi dans un contexte international tendu, marqué par une contestation croissante de l’intervention militaire de l’État hébreu à Gaza.