Uranium au Niger : bras de fer judiciaire entre Orano et la junte militaire au pouvoir

Alors que le Niger renforce sa souveraineté sur ses ressources naturelles, un bras de fer s’installe avec Orano, géant français de l’uranium. Entre arrestation du directeur local, perquisitions et arbitrages internationaux, le climat se tend autour de l’exploitation de l’uranium, révélant les tensions croissantes entre Niamey et les intérêts étrangers.

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Le conflit entre Orano et la junte militaire au Niger prend une nouvelle tournure judiciaire. Depuis le coup d’État de juillet 2023, les relations entre le géant français de l’uranium et les nouvelles autorités nigériennes n’ont cessé de se détériorer, jusqu’à atteindre un point de rupture. En mai 2025, Orano a annoncé avoir déposé une plainte auprès de la justice nigérienne pour dénoncer une arrestation arbitraire, une détention illégale et une confiscation injustifiée de biens. Ce bras de fer symbolise les tensions géopolitiques au Niger autour du contrôle des ressources minières en Afrique de l’Ouest.

L’arrestation controversée du directeur local d’Orano

Le 5 mai 2025, la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE), organe de renseignement nigérien, a mené une perquisition musclée dans les locaux d’Orano et de ses filiales (Somaïr, Cominak, Imouraren SA) à Niamey.

En effet, le directeur d’Orano Niger, Ibrahim Courmo, a été emmené sans mandat judiciaire connu, et est depuis injoignable, selon l’entreprise.

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En parallèle, du matériel professionnel, notamment des téléphones portables et ordinateurs, a été saisi. Les bureaux ont été bouclés, interdisant tout accès au personnel.

Orano qualifie ainsi cette opération de « détention arbitraire au Niger », dénonçant l’absence de communication officielle ou de justification légale. L’entreprise française a donc exprimé sa grande inquiétude pour la sécurité de son collaborateur et pour la situation globale dans le pays.

Vers une rupture complète des relations France-Niger ?

Depuis la prise de pouvoir du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), dirigé par le général Abdourahamane Tiani, la revendication de souveraineté sur les ressources naturelles est devenue un pilier de la politique économique nigérienne.

La relation entre Orano et le gouvernement nigérien est aujourd’hui gelée. Le dialogue est rompu, et les autorités nigériennes accusent régulièrement la France de vouloir maintenir une emprise néocoloniale sur les ressources du pays, notamment l’uranium du Niger.

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Cette volonté de nationalisation des mines du Niger s’est traduite par le retrait du permis d’exploitation du site d’Imouraren à Orano en juin 2024.

Le groupe qui détient 63 % des actions contre 37 % pour l’État, a également été évincé de la gestion de la mine de Somaïr. En réponse, Orano a engagé deux procédures internationales d’arbitrage, dénonçant une ingérence flagrante des autorités militaires.

Un climat délétère pour les entreprises étrangères

Le conflit Orano-gouvernement nigérien n’est pas un cas isolé. Dans toute la région du Sahel, les nouvelles juntes au pouvoir — au Mali, au Burkina Faso et au Niger — adoptent une ligne dure envers les sociétés minières étrangères.

Ces gouvernements multiplient les saisies d’actifs, les retraits de permis, et même les arrestations de dirigeants étrangers, dans une tentative de reprendre le contrôle des ressources minières d’Afrique de l’Ouest.

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Ce contexte instable pose de sérieuses questions sur la sécurité des entreprises étrangères au Niger et dans la région. Les coups d’État successifs ont bouleversé les équilibres politiques et économiques, rendant incertaine toute activité minière à long terme.

Des enjeux économiques majeurs

Le blocage de 1 300 tonnes d’uranium sur le site de la Somaïr, évalué à près de 250 millions d’euros, illustre les conséquences économiques du conflit.

Orano, qui représente un acteur historique de l’exploitation de l’uranium au Niger, voit aujourd’hui ses activités paralysées, ses investissements menacés, et son avenir dans le pays compromis.

De leur côté, les autorités nigériennes semblent déterminées à faire de l’uranium un levier de leur souveraineté économique.

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Pour elles, la redistribution des bénéfices issus de cette ressource stratégique vers les populations locales est un enjeu central. Certaines organisations de la société civile envisagent même d’attaquer Orano en justice pour atteinte à l’environnement ou pour exiger un partage plus équitable des profits miniers.

Orano vs junte militaire au Niger : un bras de fer aux multiples enjeux

Le conflit entre Orano et la junte militaire au Niger dépasse vraisemblablement le cadre d’un simple contentieux commercial. En réalité, il reflète des tensions géopolitiques profondes, liées à la décolonisation économique, à la souveraineté sur les ressources naturelles, et à la fragilité des régimes militaires qui cherchent à s’affirmer.

Dans ce climat incertain, l’avenir de l’exploitation de l’uranium au Niger reste suspendu à l’issue des procédures judiciaires et aux évolutions diplomatiques. Une chose est sûre : ce bras de fer entre une entreprise française stratégique et un État sahélien en pleine mutation ne fait que commencer. Affaire à suivre…


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