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À Maurice, la tension sociale monte d’un cran depuis l’annonce du gouvernement : l’âge de départ à la retraite sera progressivement repoussé de 60 à 65 ans. La société civile et les syndicats descendent dans la rue à Port-Louis pour défendre le maintien de la pension universelle dès 60 ans.
Le « lundi cordonnier » : une journée morte pour protester contre le report de la pension à 65 ans
Depuis le 5 juin, Port-Louis et plusieurs autres villes mauriciennes ont fait l’objet de manifestations massives. Ce lundi 14 juillet a été marqué par une « journée morte » à l’appel du Regroupman Artizan Morisen, une association d’artisans qui a invité toute la population à cesser le travail.
Ce mouvement, symboliquement nommé « lundi cordonnier », vise à dire non à une réforme qualifiée d’injuste et brutale. « Il ne s’agit pas de paralyser le pays, mais de montrer que nous vivons déjà une paralysie morale », dénonce un porte-parole du collectif.
« C’est une décision difficile, surtout pour les travailleurs indépendants qui vivent au jour le jour», affirme l’un des représentants du mouvement. « Pendant des années, nous avons planifié notre vie en pensant partir à la retraite à 60 ans. Aujourd’hui, on nous vole cette perspective. Le gouvernement, à 60 personnes, a pris une décision qui met en péril l’avenir de milliers de travailleurs ».
Un système de retraite trop coûteux
Pour l’association, « leur demander de tenir jusqu’à 65 ans, c’est les condamner à l’épuisement.» Depuis 1958, chaque citoyen mauricien de 60 ans perçoit systématiquement d’une pension vieillesse de 15 000 roupies, soit environ 290 euros par mois, sans conditions de ressources ni cotisation préalable. Cette allocation représente environ 75 % du salaire minimum de l’île.
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Selon le Premier ministre Navin Ramgoolam, en fonction depuis octobre 2024, cette réforme est non seulement « vitale » mais aussi « inévitable » pour préserver l’équilibre économique du pays.
Avec le vieillissement de la population, l’allongement de l’espérance de vie et à une natalité en baisse, il affirme que l’État ne pourra continuer à financer la pension actuelle sans s’endetter massivement. La dette publique risque d’atteindre 90 % du PIB, prévient-il.
La société civile dénonce la fin d’un droit acquis
Mais pour la société civile, d’autres solutions sont possibles. « Ce n’est qu’un échauffement […]. Nous nous disons que nous ne sommes pas d’accord. Parce que la pension universelle, c’est un droit acquis », martèle Bruneau Laurette, militant politique à la tête du mouvement du lundi 14 juillet dernier.
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Des propositions concrètes auraient été transmises à l’exécutif, mais elles sont restées à ce jour sans réponse. «Nous avons écrit, nous avons envoyé un message sur WhatsApp à Navin Ramgoolam. Il l’a lu, mais n’a jamais répondu. Le junior minister Dhaneshwar Damry non plus», confie le Regroupman artizan morisen.