Afficher les titres Masquer les titres
À l’approche de la rentrée, le climat social dans les banques françaises s’annonce très tendu. Entre restructurations massives, réorganisation des réseaux physiques et réduction des droits au télétravail, plusieurs établissements sont secoués par des décisions impopulaires qui inquiètent salariés et syndicats.
CCF : un vaste plan social avec plus de 1 000 postes menacés d’ici 2026
Le Crédit Commercial de France (CCF), ex-filiale d’HSBC, fait figure d’exemple frappant. D’ici fin 2026, la banque prévoit de fermer 72 de ses 238 agences, entraînant entre 1 022 et 1 113 suppressions de postes sur un effectif total de 3 200 collaborateurs.
Si la direction privilégie les départs volontaires, ce plan social d’ampleur reste source d’inquiétudes. Eric Poyet (Force Ouvrière), premier syndicat représentatif du groupe, résume la situation : « notre responsabilité, c’est de protéger l’emploi, pas de négocier des chèques ».
Malgré des conditions « plutôt généreuses », une employée parisienne de 40 ans, en poste depuis 18 ans dans le pôle immobilier, confie : « Il y a encore beaucoup d’incertitudes (…) je n’exclus pas une reconversion ».
À voirBanques : découvrez les 8 établissements qui ne font jamais payer les retraitsLa crainte du lendemain est également partagée par William, 35 ans, ingénieur patrimonial. Ayant vécu le transfert d’HSBC à CCF comme une « douche froide », il indique avoir « été contraint de prendre les devants », après avoir « signé une promesse d’embauche » ailleurs.
BNP Paribas : des fermetures d’agences en cascade « sans plan de départ » annoncé
Chez BNP Paribas, la restructuration se poursuit. Le géant bancaire table sur une réduction des effectifs de 2,2 % à 2,5 % par an jusqu’en 2030, sans recourir à un plan de départs. Toutefois, entre 500 et 600 agences pourraient disparaître, selon les syndicats.
La première banque française justifie ces fermetures par la baisse de fréquentation des agences, les clients privilégiant les services numériques. Cette transformation suscite néanmoins l’inquiétude de plusieurs organisations syndicales, qui exigent des « mesures d’accompagnement significatives ».
Les syndicats de Société Générale mobilisés pour « protester contre la réduction drastique du télétravail »
Autre sujet sensible : la Société Générale, où la direction a brutalement dénoncé l’accord sur le télétravail, limitant celui-ci à un seul jour par semaine. « Une décision prise aussi brutalement et unilatéralement a choqué un peu tout le monde », déplore une salariée des services juridiques.
Trois syndicats (CFDT, CFTC, CGT) refusent de négocier un nouvel accord tant que la direction maintient sa position, et appellent à une mobilisation le 18 septembre.
À voirImpôt : ce que votre séparation en fin d’année peut coûter à votre foyer fiscalCe durcissement sur le télétravail semble pour l’instant isolé. D’autres banques comme Crédit Mutuel, La Banque Postale ou BPCE maintiennent des dispositifs plus souples, souvent autour de 1 à 2 jours hebdomadaires selon les fonctions. Certaines, comme le Crédit Mutuel, y voient même un outil d’attractivité RH.
Mais rien n’est acquis, rappelle Frédéric Guyonnet (SNB) : « Certains salariés risquent de devoir choisir entre déménager ou quitter l’entreprise », si le télétravail est restreint après s’être installés loin de leur lieu de travail. La tempête sociale gronde dans le secteur bancaire français à l’orée de la rentrée.