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La Cour d’appel de Paris vient de trancher : Lidl devra verser 43 millions d’euros à Intermarché pour pratiques commerciales trompeuses. En cause, des spots télévisés diffusés pendant des années par le hard-discount allemand, vantant des promotions séduisantes… mais rarement disponibles en magasin.
Des promotions diffusées à la télé mais invisibles en magasin
Selon la justice, Lidl n’a pas respecté l’obligation de mettre en rayon les produits promotionnels pendant 15 semaines dans tous ses points de vente, comme le prévoit un décret de 1992. Une exigence pourtant bien connue des distributeurs, mais que l’enseigne aurait volontairement contournée.
Lidl est en effet accusé d’avoir volontairement attiré les clients en magasin avec des publicités accrocheuses, principalement pour des produits non alimentaires (bricolage Parkside ou cuisine Silvercrest), sans garantir leur disponibilité sur l’ensemble du territoire.
« Jusqu’à aujourd’hui, Lidl utilisait ces publicités pour attirer des clients dans ses allées, tout en sachant qu’il était peu probable que les produits concernés soient disponibles pendant une longue période, car il s’agissait d’articles non-alimentaires importés d’Asie », analyse Jérôme Lavrillat, directeur des stratégies de l’agence Romance.
À voirRachat de SFR : que va-t-il arriver aux 25 millions de clients mobile et Internet ?Les juges ont également pointé du doigt la manière dont Lidl avait tenté de se conformer à la loi. L’enseigne avait introduit une voix off rapide et une mention discrète en bas de l’écran indiquant que les promotions ne concernaient qu’une sélection de 500 magasins sur 1 600.
Une méthode jugée insuffisante par la cour, car « cette mention (…) n’apparaît sur l’écran que l’espace de quelques secondes, en petits caractères, et tout en bas, à droite de l’écran ».
Un préjudice financier chiffré par la justice
Les magistrats ont estimé que ces pratiques ont porté préjudice à Intermarché, qui a dû redoubler d’efforts et d’investissements pour reconquérir les clients induits en erreur par les campagnes publicitaires massives de l’enseigne allemande.
La cour a ainsi évalué le montant de l’indemnisation à 43 millions d’euros, prenant en compte 374 spots diffusés sur 7 ans pour un budget total de 584 millions d’euros.
À voirAction, IKEA, Decathlon : si vous vivez en centre-ville, ces enseignes pourraient bientôt ouvrir tout près« Cet arrêt va sûrement marquer un tournant dans la pratique promotionnelle de Lidl », poursuit Jérôme Lavrillat.
Lidl contre-attaque… et Carrefour en embuscade
Malgré cette lourde sanction, le discounter allemand ne compte pas en rester là. Lidl a annoncé qu’elle allait se pourvoir en cassation.
De son côté, Carrefour, qui avait lancé une procédure pour les mêmes motifs, a récemment obtenu gain de cause en cassation et pourrait réclamer jusqu’à plus de 100 millions d’euros au hard-discount allemand lors d’un nouveau procès prévu en 2026.
