Les sables du Sahara tombés en France étaient radioactifs, mais pas pour la raison que vous pensez

Contrairement aux premières suspicions, les essais nucléaires français ne seraient pas à l'origine de la radioactivité du Sable du Sahara de 2022. Voici ce que révèle une étude scientifique.

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En mars 2022, une pluie de sable du Sahara a recouvert la France, colorant les paysages d’orange… et semant l’inquiétude. Des traces de césium-137, une substance radioactive, ont été détectées. Si l’on a rapidement accusé les essais nucléaires français menés en Algérie dans les années 60, une étude scientifique révèle une toute autre origine. Explications sur cette découverte inattendue.

Les sables du Sahara tombés en France étaient bien radioactifs… mais pas à cause de la France !

En mars 2022, un phénomène météorologique spectaculaire a teinté le ciel de l’Europe de l’Ouest d’une couleur ocre. Des vents puissants ont transporté un nuage de poussières sahariennes sur une grande partie de la France. Mais au-delà de l’effet visuel impressionnant, cet épisode de calima venu du Sahara, bien connu en Espagne, a énormément inquiété : ce sable saharien était-il radioactif ?

Les premières analyses effectuées à l’époque ont révélé la présence de césium-137 dans la poussière du Sahara. Cette substance radioactive issue de la fission nucléaire retrouvée sur le territoire français a relancé une vieille crainte : celle des essais nucléaires en Algérie réalisés par la France entre 1960 et 1961 dans la région de Reggane.

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Le lien semblait plausible : même origine géographique, même type de particules, et un passé nucléaire lourd.

Une origine inattendue : la Guerre froide

Une étude internationale publiée en janvier 2025 dans la revue Science Advances a bouleversé cette hypothèse. Dirigée par des chercheurs français, suisses et espagnols, elle s’appuie sur plus d’une centaine d’échantillons collectés dans six pays européens grâce à une vaste campagne de science participative.

Le verdict est clair : la « signature radioactive » du sable saharien analysé en 2022 ne correspond pas aux essais français, mais plutôt à ceux réalisés par les États-Unis et l’URSS pendant la Guerre froide. Ces grandes puissances ont effectué des centaines de tests nucléaires dans l’atmosphère entre les années 1950 et 1960, provoquant une contamination mondiale à long terme.

Ainsi, la radioactivité du sable saharien tombé en France en 2022 serait donc le fruit de retombées nucléaires globales, héritées de décennies de pollution radioactive. Le césium-137 détecté dans le sable ne vient donc pas spécifiquement des tirs français.

Pas de danger immédiat pour la santé

Les autorités sanitaires se veulent toutefois rassurantes. Les niveaux de radioactivité mesurés étaient très faibles, bien en dessous des seuils de sécurité définis pour l’alimentation dans l’Union européenne (1 000 Bq/kg). En moyenne, la concentration observée était d’environ 14 Bq/kg, jugé sans danger pour la population.

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Selon l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) et l’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest), « l’impact dosimétrique est négligeable ». Autrement dit : pas de risque immédiat pour la santé humaine, même si le phénomène interpelle.

Un phénomène récurrent… et climatique

Les épisodes de calima du Sahara vers la France ne sont pas nouveaux. Mais avec le réchauffement climatique, ils pourraient devenir plus fréquents, voire plus intenses. Le sable du Sahara continuera donc de traverser les continents, rappelant les expérimentations nucléaires du XXe siècle.


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